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Diriezvous que la piĂšce de Jean-Luc Lagarce Juste la fin du monde est un drame intime? Dans la premiĂšre strophe Antoine veut faire mal Annonce du plan - La tirade est
Extraitsde la piÚce de théùtre Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, lecture publique diffusée en direct du Musée Calvet le 12 juillet 2007 dans le cadre du Festival d'Avignon sur France Culture. Lecture dirigée par François Berreur, réalisation de Marguerite Gateau. Avec : Elisabeth Mazev, Danielle Lebrun, Clotilde Mollet
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Antoineest le fils cadet de la famille et le petit frĂšre de Louis. Il est mariĂ© Ă Catherine et pĂšre dâun enfant sâappelant Louis. Il travaille en tant quâouvrier dans une usine. Nous allons Ă
Site De Rencontre Pour Profession LibĂ©rale. Commentaire linĂ©aire Partie 1 scĂšne 1 de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce Introduction Dans Le Pays Lointain, la derniĂšre piĂšce que Jean-Luc Lagarce Ă©crit avant sa mort, on retrouve le personnage de Louis, cette fois entourĂ© par des figures du passĂ©, comme l'ami de longue date⊠LONGUE DATE. â Revenir aprĂšs tant d'annĂ©es, retrouver ceux-lĂ qui firent ta vie, qui furent ta vie et espĂ©rer reprendre la conversation lĂ oĂč tu l'avais abandonnĂ©e â oĂč est-ce que nous en Ă©tions, dĂ©jĂ â ce ne sera guĂšre possible. Tu le sais. Et comme le dit ce personnage, comment Louis pourrait-il reprendre une conversation normale avec les siens, aprĂšs une si longue absence ? Or, c'est prĂ©cisĂ©ment lĂ que commence notre piĂšce, Juste la fin du monde, et c'est tout l'enjeu de notre passage. Cette scĂšne d'exposition est dâabord un mĂ©lange de prĂ©sentations et de retrouvailles, notamment parce que Louis n'a jamais rencontrĂ© Catherine, sa belle-sĆur. Mais ce sont aussi des prĂ©sentations pour le public, qui devine dans ces conventions, des liens distendus par le poids de l'absence et des non-dits. Dans ces retrouvailles, tout est sensible, sujet Ă interprĂ©tation, les gestes sont des messages, et inversement, les mots peuvent blesser. Louis pourra-t-il annoncer ce qui l'amĂšne ? Des indices semblent dire qu'il est probablement dĂ©jĂ trop tard... Comment cette scĂšne d'exposition nous montre-t-elle que les liens entre les personnages sont peut-ĂȘtre dĂ©jĂ irrĂ©mĂ©diablement affectĂ©s par le poids de l'absence ? Je vais annoncer les mouvements au fur et Ă mesure de l'analyse, et citer le texte trĂšs clairement, pour que vous puissiez bien suivre. Pour retrouver tous mes documents et toutes mes vidĂ©os sur cette Ćuvre, rendez-vous sur mon site www . mediaclasse . fr Premier mouvement v. 1 Ă 17 Le temps des prĂ©sentations Ce premier mouvement, on pourrait l'appeler le temps des prĂ©sentations » parce qu'on entre dans la piĂšce, non pas in medias res au milieu de l'action mais logiquement par des prĂ©sentations qui nous informent sur ces personnages qui se rencontrent ou qui se retrouvent, comme un nouveau dĂ©part SUZANNE. â Câest Catherine. Elle est Catherine. Catherine, câest Louis. VoilĂ Louis. Catherine. Et pourtant l'importance que prennent ces prĂ©sentations rĂ©vĂšle bien dĂ©jĂ le poids du passĂ© Catherine reprĂ©sente l'Ă©lĂ©ment nouveau dans la famille⊠Va-t-elle modifier les Ă©quilibres ? On peut en douter quand on voit le chiasme la structure en miroir qui reprĂ©sente plutĂŽt une boucle ou un piĂšge, c'est mauvais signe⊠Catherine », le nom propre, sera aussi le dernier mot de la premiĂšre partie, comme si tout l'enjeu de la premiĂšre moitiĂ© de la piĂšce, c'Ă©tait justement d'Ă©liminer cet espoir qu'une nouvelle personne puisse modifier les Ă©quilibres du passĂ©. CATHERINE. â Moi, je ne compte pas et je ne rapporterai rien, je suis ainsi [...] ce nâest pas mon rĂŽle. Mais pour l'instant, tous les espoirs sont permis, ce qui explique l'excitation de Suzanne ses vers sont trĂšs courts, ils reviennent sans cesse Ă la ligne. Chez Lagarce, les vers libres remplacent avantageusement les didascalies⊠Symboliquement, c'est l'excitation des retrouvailles, et donc, le poids de l'absence passĂ©e, qui dĂ©coupe ces vers et guide le ton de Suzanne, aussi sĂ»rement qu'un metteur en scĂšne. Antoine commente d'ailleurs tout de suite l'agitation de sa petite sĆur ANTOINE. â Suzanne, sâil te plaĂźt, tu le laisses avancer, laisse- le avancer. CATHERINE. â Elle est contente. ANTOINE. â On dirait un Ă©pagneul. On comprend que Louis ne peut pas avancer vers Catherine parce qu'il est bloquĂ© par Suzanne qui se trouve entre les deux. Symboliquement, il est bloquĂ© par le passĂ©, il ne peut pas avancer, c'est-Ă -dire, aller vers une rĂ©solution de l'intrigue. Souvent dans le théùtre de l'absurde, on retrouve ce dĂ©tournement du schĂ©ma narratif est-ce qu'on est au dĂ©but, au moment oĂč l'intrigue se noue, ou bien est-ce qu'on est dĂ©jĂ aprĂšs la fin ? L'expression d'Antoine est amusante et rĂ©vĂ©latrice On dirait un Ă©pagneul ». L'Ă©pagneul, c'est un chien de chasse est-ce qu'il saute autour d'une proie qu'il a trouvĂ©e, ou bien, est-ce qu'il fait la fĂȘte Ă son maĂźtre ? Cela rĂ©vĂšle bien l'ambivalence de Louis. Et indirectement pour nous, le public, c'est aussi rĂ©vĂ©lateur du personnage d'Antoine, qui compare sa sĆur Ă un petit chien il n'est pas trĂšs aimable, il n'hĂ©site pas Ă utiliser l'impĂ©ratif. On devine que contrairement aux autres, il ne se plie pas si facilement aux conventions de politesse. C'est alors la mĂšre qui prend la parole, mais de maniĂšre paradoxale, Ă©coutez LA MĂRE. â Ne me dis pas ça, ce que je viens dâentendre, câest vrai, jâoubliais, ne me dites pas ça, ils ne se connaissent pas. Louis, tu ne connais pas Catherine ? Tu ne dis pas ça, vous ne vous connaissez pas, jamais rencontrĂ©s, jamais ? ANTOINE. â Comment veux-tu ? Tu le sais trĂšs bien. LOUIS. â Je suis trĂšs content. CATHERINE. â Oui, moi aussi, bien sĂ»r, moi aussi. Catherine. Quand on sait ce que Louis veut annoncer, cette intervention Ne me dis pas ça » avec l'impĂ©ratif et la nĂ©gation, semble dĂ©jĂ annoncer l'Ă©chec final. Dans une tragĂ©die, on dirait que c'est un effet d'ironie tragique, une allusion au destin que les personnages eux-mĂȘmes ignorent... La rĂ©plique de la mĂšre est d'autant plus Ă©trange qu'elle ne rĂ©pond pas du tout Ă Antoine ça, ce que je viens d'entendre » renvoie en fait Ă un sous-entendu qui n'est formulĂ© qu'aprĂšs ils ne se connaissent pas ». C'est une cataphore le pronom renvoie Ă un Ă©lĂ©ment qui ne vient que plus tard⊠On est au plus proche du non-dit, le reproche adressĂ© Ă celui qui est parti. La forme interrogative aussi donne du poids Ă cette rĂ©plique Louis, tu ne connais pas Catherine ? Tu ne dis pas ça, vous ne vous connaissez pas, jamais rencontrĂ©s, jamais ? » c'est une question rhĂ©torique, dont la rĂ©ponse est implicite non, ils ne se connaissent pas. Elle n'est pas prononcĂ©e, mais elle rĂ©sonne dans l'esprit de tout le monde. Ce reproche cachĂ© est d'ailleurs toujours prĂ©sent dans la rĂ©plique d'Antoine, mais sous la forme d'un pronom Tu le sais trĂšs bien » qu'on pourrait restituer comme ça tu sais trĂšs bien que Louis a Ă©tĂ© absent pendant toutes ces annĂ©es ». Il insiste d'ailleurs sur ce non-dit avec l'adverbe intensif trĂšs ». DerniĂšre chose frappante dans ce passage tout le monde intervient, Suzanne, Catherine, Antoine, la MĂšre. Mais Louis ne prend la parole qu'en dernier, avec une rĂ©plique courte, trĂšs conventionnelle LOUIS. â Je suis trĂšs content. CATHERINE. â Oui, moi aussi, bien sĂ»r, moi aussi. mouvement v. 18 Ă 31 Le sens cachĂ© des convenances Ce mouvement, on pourrait l'appeler le sens cachĂ© des convenances » parce que Suzanne commente le cĂ©rĂ©monial qui se dĂ©roule sous nos yeuxâŠUn peu comme une spectatrice qui serait montĂ©e sur scĂšne pour jouer les metteuse en scĂšne et corriger les actions des personnages. SUZANNE. â Tu lui serres la main ? LOUIS. â Louis. Suzanne lâa dit, elle vient de le dire. SUZANNE. â Tu lui serres la main, il lui serre la main. Tu ne vas tout de mĂȘme pas lui serrer la main ? Ils ne vont pas se serrer la main, on dirait des Ă©trangers. Il ne change pas, je le voyais tout Ă fait ainsi, tu ne changes pas, il ne change pas, comme ça que je lâimagine, il ne change pas, Louis, et avec elle, Catherine, elle, tu te trouveras, vous vous trouverez sans problĂšme, elle est la mĂȘme, vous allez vous trouver. Ne lui serre pas la main, embrasse-la. Catherine. C'est lĂ qu'on voit Ă quel point les actes ont une valeur de message. Tu lui serres la main ⊠il lui serre la main ⊠ils ne vont pas se serrer la main ⊠ne lui serre pas la main »⊠le verbe serrer la main » est ainsi rĂ©pĂ©tĂ© 5 fois. Câest si important aux yeux de Suzanne, parce que, par ce geste conventionnel, Louis confirme ce que dit la mĂšre il leur est devenu plus Ă©tranger mĂȘme que Catherine qui fait maintenant partie de la famille. Avec la question rhĂ©torique, les nĂ©gations, l'impĂ©ratif, Suzanne reprend et amplifie les Ă©lĂ©ments de discours de sa mĂšre cette surprise trĂšs théùtrale, pratiquement surjouĂ©e par deux personnages rĂ©vĂšle bien que quelque chose d'anormal se trame sous la simple conversation. C'est d'ailleurs un procĂ©dĂ© courant chez MoliĂšre, notamment dans les scĂšnes d'exposition la surprise permet de dĂ©noncer un comportement excessif. Et si c'Ă©tait ici le retour du Misanthrope ? qui s'Ă©tait jadis isolĂ© du monde ? Si on en revient Ă Louis, il se prĂ©sente de maniĂšre trĂšs conventionnelle. Avec le prĂ©nom isolĂ© sur une seule ligne, il ne rĂ©vĂšle rien de lui-mĂȘme, il ne rĂ©agit pas au discours de sa mĂšre, il se contente de rĂ©pĂ©ter comme un Ă©cho ce que vient de dire sa sĆur. LOUIS. â Louis. Suzanne lâa dit, elle vient de le dire. Louis », c'est en plus un homophone avec le sens de l'ouĂŻe ils se prononcent pareil. C'est certainement rĂ©vĂ©lateur peut-ĂȘtre que ce personnage est fait, non pas pour parler, mais pour Ă©couter. Il porterait dans son prĂ©nom la fatalitĂ© de son silence. La distance de Louis avec les autres membres de la famille est palpable, notamment dans l'utilisation des pronoms le il » laisse place au tu » qui redevient aussitĂŽt un il ». Il ne change pas, je le voyais tout Ă fait ainsi, tu ne changes pas, il ne change pas, comme ça que je lâimagine, il ne change pas, Louis, Câest la fameuse figure de lâĂ©panorthose, trĂšs prĂ©sente chez Lagarce les personnages reformulent sans cesse leurs propos. On dirait mĂȘme que dans la derniĂšre phrase, Louis est devenu lui » il ne change pas, lui » comme une troisiĂšme personne incarnĂ©e, distante, Ă laquelle on ne s'adresse pas directement. Les temps employĂ©s vont dans le mĂȘme sens d'abord l'imparfait, pour des habitudes du passĂ© je le voyais ainsi » L'absence s'est inscrite dans la durĂ©e⊠Au contraire, le verbe imaginer » au prĂ©sent d'Ă©nonciation comme ça que je l'imagine » semble dire que, au moment oĂč elle parle, il est absent, ou du moins, inconnaissable. Et enfin, peut-ĂȘtre le plus cruel de tous, le prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale pour une action vraie en tout temps qui prĂ©dit le silence final il ne change pas, Louis ». Reste Catherine, mais dĂ©jĂ un indice nous laisse un doute et avec elle, Catherine, elle, tu te trouveras, vous vous trouverez sans problĂšme, elle est la mĂȘme, vous allez vous trouver. Elle est la mĂȘme » est-ce que ça ne veut pas dire qu'elle a les mĂȘmes difficultĂ©s Ă communiquer que Louis ? On devine dĂ©jĂ qu'elle n'est pas la mieux placĂ©e pour rĂ©tablir les liens qui ont Ă©tĂ© rompus dans le passĂ©. TroisiĂšme mouvement v. 32 Ă 43 Des liens irrĂ©parables ? Ce troisiĂšme mouvement, on pourrait l'appeler des liens irrĂ©parables » parce que tout vient confirmer la distance qui sĂ©pare chacun des personnages. Antoine le dit tout de suite Suzanne, ils se voient pour la premiĂšre fois » ce qui dĂ©clenche des rĂ©actions en chaĂźne, Ă©coutez ANTOINE. â Suzanne, ils se voient pour la premiĂšre fois ! LOUIS. â Je vous embrasse, elle a raison, pardon, je suis trĂšs heureux, vous permettez ? SUZANNE. â Tu vois ce que je disais, il faut leur dire. LA MĂRE. â En mĂȘme temps, qui est-ce qui mâa mis une idĂ©e pareille en tĂȘte, dans la tĂȘte ? Je le savais. Mais je suis ainsi, jamais je nâaurais pu imaginer quâils ne se connaissent, que vous ne vous connaissiez pas, que la femme de mon autre fils ne connaisse pas mon fils, cela, je ne lâaurais pas imaginĂ©, cru pensable. Vous vivez dâune drĂŽle de maniĂšre. Qui adresse la parole Ă qui dans notre passage ? Antoine rĂ©pond Ă sa femme â Elle est contente. â On dirait un Ă©pagneul ». Il s'adresse aussi plusieurs fois Ă sa sĆur Suzanne, sâil te plaĂźt ⊠Suzanne, ils se voient pour la premiĂšre fois ! ». Et il s'adresse aussi Ă sa mĂšre tu le sais trĂšs bien ». Mais ce qui est frappant, câest quâil n'y a aucun Ă©change entre les deux frĂšres. Mais mĂȘme le lien entre les autres personnages est remis en question dâune maniĂšre ou dâune autre. Suzanne veut Ă©trangement donner Ă voir Ă Antoine, ce quâelle dit tu vois ce que je disais » comme si sa parole Ă©tait invisible, enfermĂ©e depuis longtemps dans son rĂŽle de quantitĂ© nĂ©gligeable. Dâailleurs la mĂšre nâest certainement pas Ă©trangĂšre Ă cela. je suis ainsi ⊠je nâaurais pu imaginer » elle se voit comme quelquâun qui ne peut pas concevoir ce qui sort de sa normalitĂ©. Pour elle, il y a son fils Louis et son autre fils » Antoine. On devine dĂ©jĂ ce quâon constatera plus tard, sa tendance Ă mettre des Ă©tiquettes dĂ©finitives sur chacun Antoine brutal, Suzanne nĂ©gligeable, Louis fait ce qu'il a Ă faire, etc. Or justement Suzanne essaye de jouer les metteuses en scĂšne pour que tout se dĂ©roule selon une certaine image de la normalité⊠Mais alors, toute la situation devient artificielle les liens qui devraient exister ne sont plus que des liens jouĂ©s. LOUIS. â Je vous embrasse, elle a raison, pardon, je suis trĂšs heureux, vous permettez ? On reconnaĂźt la figure de lâĂ©panorthose, mais cette fois-ci, dans les gestes le geste de serrer la main est remplacĂ© par lâembrassade. Mais on ne peut pas totalement gommer le geste spontanĂ©, quoi quâon fasse, il laisse une trace. Voire mĂȘme, il devient le message le plus important, qui prend le pas sur tous les autres ! Et en effet le verbe connaĂźtre » est repris trois fois Ă la forme nĂ©gative, dans une longue Ă©panorthose jamais je nâaurais pu imaginer quâils ne se connaissent, que vous ne vous connaissiez pas, que la femme de mon autre fils ne connaisse pas mon fils, cela, je ne lâaurais pas imaginĂ©, cru pensable. Vous vivez dâune drĂŽle de maniĂšre. Le fait que Louis soit en quelque sorte considĂ©rĂ© comme un Ă©tranger, est ensuite repris coup sur coup par des pronoms cela, je ne l'aurais pas imaginĂ© ». Un peu comme si elle retournait le couteau dans la plaie. Câest lâidĂ©e quâelle a en tĂȘte, dans la tĂȘte » et que Lagarce a mis symboliquement en-tĂȘte de sa piĂšce, au cĆur de ce premier Ă©change entre les personnages. Par ses paroles, la mĂšre fait aussi le geste de sâisoler symboliquement des autres, avec ce vous » vous vivez d'une drĂŽle de maniĂšre » qui englobe tous les autres. Elle ne fait pas de reproche Ă Louis en particulier, mais Ă tous, en mĂȘme temps. Alors qu'au dĂ©but, on ne voit que la distance entre Catherine et Louis, on rĂ©alise au fur et Ă mesure que ce sont tous des Ă©trangers les uns pour les autres⊠La derniĂšre phrase du passage est Ă mon avis la plus cruelle vous vivez dâune drĂŽle de maniĂšre ». Lâadjectif DrĂŽle » renvoie naturellement Ă la comĂ©die et au comique, mais il est utilisĂ© ici de maniĂšre grinçante, ironique il laisse entendre lâinverse de ce quâil dit. Lâaction de vivre est lui-mĂȘme remise en cause, un peu comme si lâabsence de Louis, et le pĂ©ril des liens familiaux les avait tous dĂ©jĂ fait entrer dans une mort symbolique. Conclusion Merci Ă Nicolas Auffray dont les analyses ont contribuĂ© Ă cette explication linĂ©aire. Dans cette premiĂšre scĂšne, les prĂ©sentations font aussi office dâexposition le spectateur en apprend plus sur les personnages et sur lâintrigue. Mais tout passe sous le discours, dans les gestes, les sous-entendus, les rĂ©actions surjouĂ©es et les effets dâironie. DĂšs le dĂ©but de la piĂšce, Lagarce nous fait ressentir le poids du passĂ© et des non-dits, et nous laisse mĂȘme dĂ©jĂ entendre que peut-ĂȘtre, le silence final est inĂ©luctable. Ces gestes imperceptibles, ces signes presque subliminaux qui rĂ©vĂšlent les failles de la communication, on pourrait les rapprocher de ce que Nathalie Sarraute appelle les tropismes, et quâelle met notamment en scĂšne notamment dans sa piĂšce Pour un oui pour un non⊠â Des mots ? Entre nous ? Ne me dis pas quâon a eu des mots⊠ce nâest pas possible⊠et je mâen serais souvenu⊠â Non, pas des mots comme ça⊠dâautres mots⊠pas ceux dont on dit quâon les a eus»⊠Des mots quâon nâa pas eus», justement⊠Nathalie Sarraute, Pour un oui pour un non, 1981.[...] Soutenez le site et accĂ©dez au contenu complet. âš Outil support pour rĂ©aliser un commentaire composĂ©. âš Lagarce, Juste la fin du monde đ Partie 1 scĂšne 1 axes de lecture âš Lagarce, Juste la fin du monde - Partie 1 scĂšne 1 texte âš Lagarce, Juste la fin du monde đ Partie 1 scĂšne 1 explication linĂ©aire au format PDF âš Lagarce, Juste la Fin du Monde đ§ Partie 1 scĂšne 1 Explication linĂ©aire en podcast
Juste la fin du monde analyse linĂ©aire Ă©pilogue. LâĂ©pilogue est, dans la tragĂ©die, le retour au calme. Dans la piĂšce de Jean-Luc Lagarce de 1991, il sâagit dans lâĂ©pilogue dâun monologue de Louis. Ainsi, lâoeuvre sâinscrit dans une forme circulaire dans la mesure oĂč le prologue Ă©tait Ă©galement constituĂ© dâun monologue de Louis. AprĂšs la lecture de lâĂ©pilogue, nous proposons une analyse linĂ©aire du texte. mĂ©thode du commentaire linĂ©aire Juste la fin du monde texte de lâĂ©pilogue Louis. â AprĂšs, ce que je fais,je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard,une annĂ©e tout au plus. Une chose dont je me souviens et que je raconte encoreaprĂšs, jâen aurai fini câest lâĂ©tĂ©, câest pendant ces annĂ©es oĂč je suis absent,câest dans le Sud de la que je me suis perdu, la nuit dans la montagne,je dĂ©cide de marcher le long de la voie mâĂ©vitera les mĂ©andres de la route, le chemin sera plus court et je sais quâelle passe prĂšs de la maison oĂč je nuit aucun train nây circule, je ne risque rienet câest ainsi que je me un moment, je suis Ă lâentrĂ©e dâun viaduc immense,il domine la vallĂ©e que je devine sous la lune,et je marche seul dans la nuit,Ă Ă©gale distance du ciel et de la que je penseet câest cela que je voulais direcâest que je devrais pousser un grand et beau cri,un long et joyeux cri qui rĂ©sonnerait dans toute la vallĂ©e,que câest ce bonheur-lĂ que je devrais mâoffrir,hurler une bonne fois,mais je ne le fais pas,je ne lâai pas me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier. Ce sont des oublis comme celui-lĂ que je regretterai. Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, 1991. JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE LINEAIRE EPILOGUE ProblĂ©matique Pourquoi cet Ă©pilogue apparaĂźt-il comme une sĂ©rie de dĂ©ceptions? Premier mouvement du dĂ©but Ă une annĂ©e tout au plus » Une parole dâoutre-tombe Dâabord, lâĂ©pilogue sâouvre sur un connecteur temporel aprĂšs ». Or celui-ci indique que lâĂ©pilogue apparaĂźt comme une suite Ă la lâidĂ©e de dĂ©part dĂ©finitif est inscrite fermement avec lâemploi du verbe partir » et ne plus jamais revenir ».Dâailleurs, comme dans lâouverture du prologue, nous pouvons constater avec Ă©tonnement que le personnage semble sâexprimer dâoutre-tombe. Effectivement, les rĂ©fĂ©rences temporelles nous placent aprĂšs la mort du hĂ©ros quelques mois plus tard », une annĂ©e tout au plus ». Ainsi, ce premier mouvement fait entendre la voix dâun mort. DeuxiĂšme mouvement de Une chose dont je me souviens » Ă câest ainsi que je me retrouverai » un souvenir Ensuite, le deuxiĂšme mouvement sâouvre sur lâĂ©vocation de sa mĂ©moire avec lâemploi du verbe je me souviens ».Puis, une mention entre parenthĂšses aprĂšs jâen aurai fini » permet une double lecture. De quoi sâagit-il? Il en aura fini de sa vie, cette mention serait alors tragique. Mais sâil fait rĂ©fĂ©rence Ă la piĂšce, cette mention revĂȘt alors une tonalitĂ© comique, comme sâil sâexcusait dâennuyer son spectateur et lui promettait quâil serait bientĂŽt libĂ©rĂ© de ce souvenir est fermement ancrĂ© grĂące Ă la prĂ©cision de divers complĂ©ments circonstanciels de lieu et de temps annoncĂ©s par un prĂ©sentatif câest lâĂ©tĂ© », » câest pendant ces annĂ©es », câest dans le sud de la France ». Il Ă©voque alors un moment oĂč il sâest perdu dans la se dĂ©veloppe une mĂ©taphore du chemin suivi. En effet, il avait la possibilitĂ© de se laisser porter au grĂ© des chemins de montagne mais il choisit lâefficacitĂ© de la voie ferrĂ©e, comme marquĂ© par le productivisme de son Ă©poque. Nous pouvons ainsi relever un champ lexical de la voie »chemin », mĂ©andres », route », marcher ». Ainsi, ce deuxiĂšme mouvement fait Ă©tat dâun souvenir dans lequel Louis a fait le choix de la raison et de lâefficacitĂ© bourgeoise. TroisiĂšme mouvement de Ă un moment » Ă la terre » La nuit Ensuite, il Ă©voque un viaduc » qui pourrait faire rĂ©fĂ©rence Ă ce qui relie deux vallĂ©es. Dâailleurs, il Ă©voque sa situation entre deux, entre le ciel et la terre, comme entre les vivants et les Louis Ă©voque de maniĂšre poĂ©tique un paysage dont nous pouvons relever le champ lexical vallĂ©e, lune, ciel, terre ». Le monologue devient lyrique. En tĂ©moigne Ă©galement lâusage de la premiĂšre personne je ». Louis Ă©voque dans cette troisiĂšme partie une expĂ©rience de la solitude, dâun Ă©tat suspendu dans un entre-deux. Dernier mouvement de ce que je pense » jusquâĂ la fin Un cri sans voix Louis Ă©voque alors au conditionnel ce quâil aurait dĂ» faire pousser un cri. Nous pouvons dâailleurs constater un champ lexical du cri rĂ©sonnerait », cri », hurler ».Dâabord, ce cri est qualifiĂ© de maniĂšre mĂ©liorative comme le montrent les adjectifs grand et beau » ou long et joyeux ». Mais quel sens donner Ă ce cri qui nâ a pas Ă©tĂ© poussĂ©? Plusieurs possibilitĂ©s sâoffrent aux lecteurs/ ce cri peut ĂȘtre compris dâun point de vue psychologique. Une sorte dâappel Ă lâaide, une tentative de sâextirper de la crise individuelle et familiale qui le ce cri peut ĂȘtre compris comme une tentative de crĂ©ation littĂ©raire. Autrement dit, il regrette de nâavoir pas tentĂ© de transformer une expĂ©rience difficile en une oeuvre littĂ©raire. JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE LINEAIRE EPILOGUE CONCLUSION Ainsi, la piĂšce sâachĂšve sur un nouveau constat dâĂ©chec. Louis a ratĂ© le rendez-vous avec sa famille, avec lui-mĂȘme mais aussi, peut-ĂȘtre avec lâart. Merci de ta lecture. Nous espĂ©rons que cette fiche sur lâĂ©pilogue a pu tâaider dans ton travail. NâhĂ©site pas Ă poster tes remarques et commentaires dans la rubrique ci-dessous. Dâautres fiches peuvent tâaider dans tes rĂ©visions, nous tâen proposons quelques exemples ci-dessous âExplication linĂ©aire prologue âExplication linĂ©aire du monologue de Suzanne âAnalyse de Juste la fin du monde âDissertation sur la crise dans Juste la fin du monde âBiographie de Jean-Luc Lagarce âMĂ©thode de lâanalyse linĂ©aire
Pour ma part, je pense leur demander, dans un premier temps, de lire la piĂšce et je leur montrerai la mise en scĂšne de Berreur la semaine suivante. Une mise en scĂšne ets une interprĂ©tation et j'aimerais qu'ils se fassent la leur, que nous puissions en discuter avant que ne leur soit imposĂ© un la piĂšce de Lagarde, mais avez-vous apprĂ©ciĂ© la mise en scĂšne de Berreur ? Vraiment ? Suis-je vraiment la seule ? ChlidĂ©Niveau 9En fait, les Ă©lĂšves nâavaient pas lu la piĂšce, je leur ai proposĂ© une heure de travail autour de la lecture seule du prologue, quelques uns ont lu Ă haute voix et ensuite nous avons commentĂ© les lectures et ainsi sommes entrĂ©s dans lâĂ©tude du texte. A lâissue de lâanalyse seulement je leur ai proposĂ© plusieurs mises en scĂšnes. Mais comme toi Mehitabel, celle de Berreur... je nâaccroche pas du tout! Mais jâessaierai de regarder la piĂšce entiĂšre avec le lien donne plus haut. Je nâai vu que le prologue jusque lĂ . Je nâavais pas aimĂ© lâadaptation de Dolan avant dâavoir bien Ă©tudiĂ© la piĂšce avec les Ă©lĂšves. Je lâai revu rĂ©cemment et ai finalement beaucoup apprĂ©ciĂ© et mieux compris les choix ChlidĂ© a Ă©critEn fait, les Ă©lĂšves nâavaient pas lu la piĂšce, je leur ai proposĂ© une heure de travail autour de la lecture seule du prologue, quelques uns ont lu Ă haute voix et ensuite nous avons commentĂ© les lectures et ainsi sommes entrĂ©s dans lâĂ©tude du texte. A lâissue de lâanalyse seulement je leur ai proposĂ© plusieurs mises en scĂšnes. Mais comme toi Mehitabel, celle de Berreur... je nâaccroche pas du tout! Mais jâessaierai de regarder la piĂšce entiĂšre avec le lien donne plus haut. Je nâai vu que le prologue jusque lĂ . Je nâavais pas aimĂ© lâadaptation de Dolan avant dâavoir bien Ă©tudiĂ© la piĂšce avec les Ă©lĂšves. Je lâai revu rĂ©cemment et ai finalement beaucoup apprĂ©ciĂ© et mieux compris les choix engagĂ©s. Il faudrait que je regarde Ă nouveau Dolan d'aprĂšs ce que tu me dis, j'apprĂ©cierais peut-ĂȘtre davantage. Je suis trĂšs trĂšs gĂȘnĂ©e par l'Ăąge des acteurs dans la piĂšce de Berreur, et l'acteur qui joue Louis ChlidĂ©Niveau 9Pour le film, jâai regardĂ© 20 minutes, ai Ă©tĂ© choquĂ©e par la vulgaritĂ© exacerbĂ©e dâAntoine et lâallure outranciĂšre de la mĂšre, puis cette espĂšce de ralenti entre Louis et Catherine que jâai cru ĂȘtre un coup de foudre. Jâai coupĂ©. Finalement jâai discutĂ© avec un collĂšgue qui a la certification de cinĂ©ma et qui mâa expliquĂ© la cinĂ©matographie de Dolan et lâimportance du rĂŽle de la mĂšre. Et vraiment jâai quand mĂȘme apprĂ©ciĂ©, et trouvĂ© puissants certains personnages et trĂšs interessantes certaines scĂšnes. Mais il mâa fallu ce temps nĂ©cessaire dâappropriation de la piĂšce que je ne connaissais pas avant de lâĂ©tudier cette 1 Mehitabel a Ă©critJe suis trĂšs trĂšs gĂȘnĂ©e par l'Ăąge des acteurs dans la piĂšce de Berreur, et l'acteur qui joue Louis En fait cette mise-en-scĂšne rĂ©pond Ă un des questionnements de la piĂšce, Ă de trĂšs nombreuses reprises il est question de jouer un jeu, mentir, de mĂȘme la fameuse didascalie liminaire "l'annĂ©e entiĂšre", ainsi il est tout Ă fait possible de comprendre cette piĂšce comme une reprĂ©sentation imaginaire de Louis, un Louis qui n'a peut-ĂȘtre pas 34 ans mais bien plus. La majoritĂ© des Ă©changes entre Louis et un membre de sa famille est construite de façon Ă ce que son interlocuteur imagine ce qu'il est, comment il agit exemple Suzanne "je ne t'imaginais pas comme ça/ comme ça que je t'imaginais" ou la fameuse scĂšne de Louis au cafĂ© par Antoine, ne serait-ce pas alors un moyen de gagner pour Louis que d'imaginer tout cela ? De prendre sa revanche sans avoir Ă les "tuer un par un" dans le deuxiĂšme ou troisiĂšme monologue je ne sais plus. Berreur connaissant trĂšs bien Lagarce, cette mise-en-scĂšne tĂ©moigne d'une lecture certes spĂ©cifique mais trĂšs intĂ©ressante de la piĂšce. sinanNiveau 8Une idĂ©e de sujet de dissertation ?LDRNiveau 5 sinan a Ă©critUne idĂ©e de sujet de dissertation ? Avec un petit cafĂ©, aussi? gregforeverExpert spĂ©cialisĂ©Dans l'Ă©dition reçue j'ai trouvĂ©Les non-dits et les secrets familiaux constituent-ils des moteurs efficaces de l'action dramatique?"Dire/seulement dire" affirme Louis dans le prologue de Juste la fin du monde. En quoi la parole l'usage qu'on fait du langage sont -ils un puissant ressort dramatique dans les piĂšces qui ont pour thĂšme la famille?sinanNiveau 8 LDR a Ă©crit sinan a Ă©critUne idĂ©e de sujet de dissertation ? Avec un petit cafĂ©, aussi? Merci pour l'offre !J'aime bien ce parcours, mais je trouve qu'il n'est pas facile de trouver un sujet de dissertation. Les deux sujets dans l'Ă©dition Ătonnants classiques ne m'inspirent pas trop...RellNiveau 6Je suis un peu gĂȘnĂ© par le fait que la collection Etonnants Classiques qualifie la scĂšne 3 de la 1Ăšre partie de "monologue" de Suzanne. Pour moi, ce n'est pas un monologue. Certes, elle est seule Ă parler, mais elle s'adresse Ă Louis, prĂ©sent sur scĂšne et prĂ©sent aussi dans le texte puisque l'on sait qu'il rit quand Suzanne parle de son "don" "tu ris". Selon le Dictionnaire du littĂ©raire, "Il y a monologue lorsqu'une personne ou un personnage parle Ă voix haute et pour soi-mĂȘme". Ce n'est pas le cas ici. Qu'en pensez-vous ?_________________Classes 2020-2021 deux classes de 1Ăšre gĂ©nĂ©rale + HLP 1Ăšre"Le temps Ă©tait encore tĂ©nĂ©breux et sentant l'infĂ©licitĂ© et calamitĂ© des Goths, qui avaient mis Ă destruction toute bonne littĂ©rature ; mais, par la bontĂ© divine, la lumiĂšre et dignitĂ© a estĂ© de mon Ăąge rendue Ăšs lettres [...] Maintenant toutes disciplines sont restituĂ©es, les langues instaurĂ©es, grecque, sans laquelle c'est honte que une personne se die savant, HĂ©braĂŻque, ChaldaĂŻque, Latine "[...]François Rabelais, Les Horribles et Ăpouvantables Faits et Prouesses du trĂšs renommĂ© Pantagruel, chap. 8, 1Fais soliloquer Suzanne et le problĂšme est rĂ©glĂ© ! LDRNiveau 5Mouais... Je crois pas que le problĂšme soit rĂ©glĂ©. Monologue et soliloque supposent la mĂȘme chose en termes de personnages prĂ©sents sur scĂšne seul celui qui parle, mais diffĂšrent quant Ă la destination multiple, pour le monologue, sans destination autre qu'Ă soi-mĂȘme, pas mĂȘme le public, pour le soliloque, d'aprĂšs Ubersfeld qui considĂšre mĂȘme qu'en rĂ©alitĂ© il n'existe que peu de soliloques au théùtre. J'ai repris la terminologie d'Ubersfeld qui thĂ©orise la notion de quasi-monologue quant au théùtre contemporain "le théùtre contemporain ne se contente pas de se servir du monologue, il le rĂ©insĂšre Ă l'intĂ©rieur mĂȘme du dialogue" comme le suggĂšre Eric DuchĂątel dans son dossier pĂ©dagogique CNDP sur Lagarce pour la spĂ©cialitĂ© théùtre. Le quasi-monologue suppose une parole unique, qui efface complĂštement l'autre voire supprime toute possible communication avec lui, mais rend fragile cette parole d'apparence solitaire du fait mĂȘme de la prĂ©sence d'un autre ou de plusieurs autres personnages. Le quasi-monologue entend comme une volontĂ© de disparaĂźtre par la parole, chez les personnages de Lagarce - tous sont submergĂ©s, tant ceux qui parlent, que ceux qui Ă©coutent et/ou cherchent Ă DarkNiveau 1Je rĂ©ponds un peu tard mais personnellement je conseillerais la mise en scĂšne de M. Raskine Ă la ComĂ©die-Française en 2008, bon contrepoint Ă celle de F. Berreur. Les analyses comparatives des deux mises en scĂšne sont 6 LDR a Ă©critMouais... Je crois pas que le problĂšme soit rĂ©glĂ©. Monologue et soliloque supposent la mĂȘme chose en termes de personnages prĂ©sents sur scĂšne seul celui qui parle, mais diffĂšrent quant Ă la destination multiple, pour le monologue, sans destination autre qu'Ă soi-mĂȘme, pas mĂȘme le public, pour le soliloque, d'aprĂšs Ubersfeld qui considĂšre mĂȘme qu'en rĂ©alitĂ© il n'existe que peu de soliloques au théùtre. J'ai repris la terminologie d'Ubersfeld qui thĂ©orise la notion de quasi-monologue quant au théùtre contemporain "le théùtre contemporain ne se contente pas de se servir du monologue, il le rĂ©insĂšre Ă l'intĂ©rieur mĂȘme du dialogue" comme le suggĂšre Eric DuchĂątel dans son dossier pĂ©dagogique CNDP sur Lagarce pour la spĂ©cialitĂ© théùtre. Le quasi-monologue suppose une parole unique, qui efface complĂštement l'autre voire supprime toute possible communication avec lui, mais rend fragile cette parole d'apparence solitaire du fait mĂȘme de la prĂ©sence d'un autre ou de plusieurs autres personnages. Le quasi-monologue entend comme une volontĂ© de disparaĂźtre par la parole, chez les personnages de Lagarce - tous sont submergĂ©s, tant ceux qui parlent, que ceux qui Ă©coutent et/ou cherchent Ă parler. J'avais vu ça aussi, mais, pour moi Louis est trĂšs prĂ©sent dans cet Ă©change il est l'objet et le destinataire de la parole de Suzanne, qui rend compte de son attitude avec la didascalie interne "tu ris". Elle ne lui laisse pas la possibilitĂ© de s'exprimer mais ne l'efface pas complĂštement non 2020-2021 deux classes de 1Ăšre gĂ©nĂ©rale + HLP 1Ăšre"Le temps Ă©tait encore tĂ©nĂ©breux et sentant l'infĂ©licitĂ© et calamitĂ© des Goths, qui avaient mis Ă destruction toute bonne littĂ©rature ; mais, par la bontĂ© divine, la lumiĂšre et dignitĂ© a estĂ© de mon Ăąge rendue Ăšs lettres [...] Maintenant toutes disciplines sont restituĂ©es, les langues instaurĂ©es, grecque, sans laquelle c'est honte que une personne se die savant, HĂ©braĂŻque, ChaldaĂŻque, Latine "[...]François Rabelais, Les Horribles et Ăpouvantables Faits et Prouesses du trĂšs renommĂ© Pantagruel, chap. 8, 5Justement, ça rend le soliloque obsolĂšte, puisqu'Ubersfeld considĂšre qu'il y a soliloque lorsque la parole n'est destinĂ©e qu'Ă soi, pas mĂȘme au public. Du point de vue du dispositif scĂ©nique, il n'y a pas que Suzanne, donc ça Ă©limine le monologue. On parle parfois de monologue quand le personnage se croit seul sur scĂšne, ce qui n'est ici pas le cas contrairement Ă IntermĂšde, scĂšne 3. Ne restent que la tirade, ou le quasi-monologue. Je trouve que le deuxiĂšme contient une connotation stylistique qui sous-entend la volontĂ© d'effacer l'autre - mais peut-ĂȘtre pas l'actualisation de cet effacement. Tout est lĂ , chez Lagarce, et notamment dans la parole rare voire absente de Louis Louis demeure prĂ©sent, se tait-il par faiblesse dans le rapport de force, ou par volontĂ©, comme le laisse penser le Prologue oĂč il se dĂ©finit comme "l'unique messager", donc maĂźtre de sa parole?0massilia0Niveau 6Bonjour, que pensez-vous du sujet sur Lagarce tombĂ© aujourd'hui ? Diriez vous que Juste la fin du monde est un drame intime ?Je le trouve assez dur, et vous ? Rien ne me vient sur une antithĂšse possible... DorineNiveau 9C'est en lien avec le parcours crise personnelle, crise familiale. Je ne le trouve pas particuliĂšrement Ă©dition par Dorine le Jeu 17 Juin 2021 - 1710, Ă©ditĂ© 1 foisSimonellaNiveau 7Dans les textes officiels, ils disent bien que le plan dialectique n'est plus exigĂ©, qu'on accepte une grande souplesse dans le plan 6Du coup, vous auriez des pistes Ă proposer ? Je veux bien ne pas faire de plan dialectique mais la question engageait tout de mĂȘme une discussion non ? Surtout avec le alors, oui je le dirais pour telle et telle raison ? SimonellaNiveau 7Quoi qu'il en soit, tu as raison, quel que soit le plan adoptĂ©, il faut nuancer, intime et drame familial, la parole qui permettrait de dĂ©passer ces crises devient 6ok, pour moi, ce qui relĂšve de la famille est aussi de l'ordre de l'intime, d'oĂč mon questionnement. Du coup si on considĂšre que "intime" renvoie Ă la crise personnelle, ça parait plus simple, mais il ne faut pas trop approfondir le sens des mots je trouve. Et parler de la parole, oui de toutes façons. Mercicannelle21VĂ©nĂ©rableBonjour Ă tous,Je commence Ă ĂȘtre en retard avec mes STMG. J'aimerais faire avec eux un commentaire d'un texte de théùtre avant les vacances. J'aimerais qu'il soit plutĂŽt en lien avec le parcours, mĂȘme si je sais que ce n'est pas obligatoire. Est-ce que quelqu'un aurait un sujet et un corrigĂ© ? Je sais que j'abuse mais j'ai Ă©tĂ© malade et suis complĂštement Ă la y a des gens si bĂȘtes que si une idĂ©e apparaissait Ă la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiĂ©e de spĂ©cialisĂ©Le passage d'Antigone avec la tirade CrĂ©on ça rentre dans le parcours et comme le passage a Ă©tĂ© donnĂ© au bac il y a des corrigĂ©s gregforever a Ă©critLe passage d'Antigone avec la tirade CrĂ©on ça rentre dans le parcours et comme le passage a Ă©tĂ© donnĂ© au bac il y a des corrigĂ©s partout. Mais oui !!! Super. Tu sauves mon cerveau en y a des gens si bĂȘtes que si une idĂ©e apparaissait Ă la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiĂ©e de 9 cannelle21 a Ă©critBonjour Ă tous,Je commence Ă ĂȘtre en retard avec mes STMG. J'aimerais faire avec eux un commentaire d'un texte de théùtre avant les vacances. J'aimerais qu'il soit plutĂŽt en lien avec le parcours, mĂȘme si je sais que ce n'est pas obligatoire. Est-ce que quelqu'un aurait un sujet et un corrigĂ© ? Je sais que j'abuse mais j'ai Ă©tĂ© malade et suis complĂštement Ă la ramasse. Tu as aussi Les Mouches, de Sartre, le monologue d'Electre pendant qu'Oreste tue leur similairesJuste la fin du monde Lagarce / Dolan[Programme 1re] Juste la fin du monde Lagarce - Mise en scĂšne CF disparue ! HELP[Lettres lycĂ©e] Lecture cursive en parallĂšle Ă Juste la fin du monde [Lettres lycĂ©e] Parcours et OI ou parcours avec OIParcours Ă©ducatifs le "parcours d'excellence"Sauter versPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forum
EntrĂ©es dâindex Haut de page Texte intĂ©gral 1 Lydie Parisse, Lagarce, Un théùtre entre prĂ©sence et absence, Classiques Garnier, 2014. Voir le co ... 1Je souhaite ici esquisser quelques pistes de ce que lâon pourrait nommer une hermĂ©neutique de lâĂ©criture de Lagarce, ces pistes ayant Ă©tĂ© plus largement exploitĂ©es dans la rĂ©cente monographie que jâai publiĂ©e Lagarce. Un théùtre entre prĂ©sence et absence1. Jâaimerais confronter le film de Xavier Dolan au texte de Juste la fin du monde en ouvrant cet article sur une Ă©tude de lexique que lâexamen de lâarchive en ligne sur le site fanum pourrait permettre de concrĂ©tiser Ă lâavenir. 2 MâintĂ©ressant aux dramaturgies de la parole, je mĂšne ce type dâapproches Ă propos de lâĂ©criture de ... 2Ma premiĂšre constatation est que ce film, sâil ne respecte pas Ă la lettre le texte et la langue de Lagarce, restitue en revanche lâesprit de la piĂšce et entre en rĂ©sonance avec la lecture que jâavais pu en dĂ©gager lorsque jâai publiĂ© mon ouvrage sur lâĆuvre de Lagarce, dont le sujet principal est lâĂ©tude des figures de la perte de soi dans lâensemble de son théùtre, dans son journal et ses autres Ă©crits, et oĂč jâinsiste sur lâobservation du processus de lâĂ©criture, tel quâil est dĂ©crit par lâauteur lui-mĂȘme, Ă savoir que lâĂ©criture est pratique permanente de la réécriture Ă la fois intra- et intertextuelle, et que la réécriture est une mise en scĂšne de lâĂ©criture elle-mĂȘme. Ma dĂ©marche sâapparente au courant de la gĂ©nĂ©tique textuelle et de la gĂ©nĂ©tique théùtrale, par le biais de lâanalyse des processus2. 3 Dans mon ouvrage, je replace dâailleurs cette attitude dans la perspective plus vaste de la crise ... 3La langue de Lagarce est bien lĂ , du moins dans sa recherche obsessionnelle du mot juste, dans son bĂ©gaiement collectif rituel qui dit une non-coĂŻncidence du langage et de la pensĂ©e, une non coĂŻncidence des mots et des corps, une non-coĂŻncidence de soi Ă soi. Câest dans ce dĂ©ficit Ă la fois linguistique et ontologique que sâinstallent les personnages de Lagarce, dans une polyphonie apparente, mais qui nâen est pas une, puisquâune seule voix les traverse tous, dans une sorte dâidentitĂ© transpersonnelle. RhĂ©torique de lâincertitude, tremblement du dire et tremblement de lâĂȘtre, plĂ©thore des modalisateurs, abus de lâĂ©panorthose, usage de lâapproximation, telles sont les attitudes dâĂ©criture dâun auteur qui pratique la culture du doute et le choix de lâhĂ©sitation, entendus comme un art poĂ©tique, mais aussi comme un acte de rĂ©sistance aux certitudes assĂ©nĂ©es par les discours totalitaires â je ne vais pas insister sur ces lieux communs de la critique lagarcienne3. 4Ce que le film met particuliĂšrement en relief, câest Ă quel point le dispositif de la piĂšce est placĂ© sous le signe de la perte, de la dĂ©perdition, qui marque la relation Ă lâĂ©criture, aux autres, au monde. Le sentiment de la perte est liĂ© au dĂ©sir impĂ©rieux de retrouver le mot juste, la relation juste, le regard juste. Nous envisagerons ici les deux derniers aspects, Ă travers les leitmotivs lagarciens du sacrifice et de lâabandon. Le sacrifice 4 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, Classiques conte ... 5Ce que le film de Xavier Dolan rĂ©vĂšle, dans un langage et un lyrisme qui lui sont personnels, câest la violence archaĂŻque qui sous-tend les relations entre les personnages. Transformer la mort en sacrifice, tel est le programme annoncĂ© dans les monologues de Juste la fin du monde. Et ce rituel est consenti par la victime La mort aussi elle est ma dĂ©cision / et mourir vous abĂźme et câest vous abĂźmer que je veux. [âŠ] je me sacrifie4. » 5 RenĂ© Girard, Le Bouc Ă©missaire, Paris, Grasset & Fasquelle, 1982. 6 Voir Lydie Parisse, Lagarce. Un théùtre entre prĂ©sence et absence, op. cit., p. 116-120. 6Louis, que ce soit de maniĂšre effective ou mĂ©taphorique, accumule les signes victimaires tels que les Ă©numĂšre RenĂ© Girard dans Le Bouc Ă©missaire 5 parricide, inceste, homosexualitĂ©, hubris sont les attributs principaux de la victime rituelle. Renvoyant Ă mon ouvrage pour lâanalyse des premiers6, je nâĂ©voquerai que le dernier, lâhubris, le plus important par rapport Ă notre propos â la mythologie de lâĂ©criture â car elle renvoie Ă la pratique de lâĂ©criture comme une activitĂ© transgressive 7 Jean-Luc Lagarce, Du Luxe et de lâimpuissance, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 40. Ătre dans la CitĂ©, au milieu des autres, avoir le droit immense de pouvoir parler, ĂȘtre responsable de cet orgueil, ĂȘtre conscient de ma force7. 8 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 28. 9 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, in Théùtre complet, tome iv, p. 340. 10 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58 et Le Pays lointain, op. cit., p. 385. 11 Patrice Pavis, Le Théùtre contemporain. Analyse de textes de Sarraute Ă Vinaver, Paris, Nathan, Un ... 12 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 24 et Le Pays lointain, op. cit., p. 304. 13 JoĂ«l Jouanneau, dans Bertrand Chauvet et Ăric DuchĂątel dir., Juste la fin du monde. Nous les hĂ©r ... 7Cette affirmation de Lagarce, ce sentiment dâavoir franchi une limite â sociale, symbolique â est aussi ce qui servira Ă peindre la figure de Louis dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain. Câest bien cet orgueil que lui reprochent les siens, qui le trouvent trop distant avec eux, telle Suzanne il nâembrasse jamais personne »8 ; Je pense que vous avez remarquĂ© aussi cela, ce caractĂšre, cette froideur de caractĂšre, [âŠ] il nâembrasse jamais personne, de sa propre initiative9 ». La mĂšre mĂȘme accable Louis, se moquant de son petit sourire et de cette façon si habile et dĂ©testable dâĂȘtre paisible en toutes circonstances »10. Dâailleurs, si dans Juste la fin du monde, personne ne comprend pourquoi Louis est revenu, dans Le Pays lointain, personne ne comprend non plus pourquoi il a quittĂ© le domicile familial il est vaguement question dâune dispute avec le pĂšre au moment de lâadolescence thĂ©matique qui sera reprise dans JâĂ©tais dans ma maison et jâattendais que la pluie vienne, mais ce qui subsiste, câest le sentiment quâil a fallu Ă Louis une dose importante dâorgueil pour partir. Selon Patrice Pavis, câest mĂȘme cette arrogance excessive quâil paierait de sa vie11. Enfin, selon JoĂ«l Jouanneau, mĂȘme le prologue tĂ©moigne de lâhubris du personnage ce souhait dâĂȘtre, jusquâĂ cette extrĂ©mitĂ© [s]on propre maĂźtre »12, montre la part dâorgueil de sa dĂ©marche13. Mais je ne partage pas cette derniĂšre interprĂ©tation, jây reviendrai. 14 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », Jean-Luc Lagarce dan ... 15 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 68. 8Dans Juste la fin du monde, le dispositif de circulation de la parole est celui dâun tribunal, comme lâa soulignĂ© Jean-Pierre Sarrazac14, et la place de Louis est bien celle de lâaccusĂ© face aux jurĂ©s. Un rĂŽle quâil assume dâailleurs totalement Je suis un Ă©tranger. Je me protĂšge. Jâai des mines de circonstance15. » 16 Ibid., p. 38. 9Louis est accusĂ© dâĂ©crire pour les autres, accusĂ© dâĂȘtre Ă©crivain mais de ne pas se servir de ce don » pour Ă©crire aux siens, auxquels il nâenvoie que des cartes postales banales et elliptiques », pas mĂȘmes cachetĂ©es et donc visibles par tous. Tu ne nous en donnes pas la preuve, tu ne nous en juges pas dignes. Câest pour les autres16 », lui reproche sa sĆur. 17 Ibid., p. 72. 18 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 358. 10Louis est accusĂ© de mentir, de dĂ©former la rĂ©alitĂ©. LâĂ©crivain est le rhapsode, celui qui met en rĂ©cit â en histoires ». Du langage il fait un usage inhabituel il dĂ©forme, il trahit, il triche avec la rĂ©alitĂ©, quâil arrange Ă sa guise, et cette aptitude Ă la tricherie est perçue comme une diffĂ©rence menaçante, une faute, comme lâexprime Antoine Tu vas commencer Ă me raconter des histoires, je vais me perdre [âŠ] peu Ă peu tu vas me noyer17. » LâhabiletĂ©, la ruse sont donc lâapanage de Louis aux yeux de ses frĂšre et sĆur je pense que tu es un homme habile, un homme quâon pourrait qualifier dâhabile, un homme plein dâune certaine habiletĂ© »18, constate Suzanne. 19 Jean-Luc Lagarce, Histoire dâamour repĂ©rages, in Théùtre complet, tome ii, Besançon, Les Solitai ... 20 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 74. 11Louis est accusĂ© dâinstrumentaliser ses proches. La relation de lâĂ©crivain avec ses proches est forcĂ©ment source de conflits car les rĂ©cits sont aussi mis en rĂ©cit mĂȘme si câest esquivĂ© de la vie privĂ©e, et les proches inspirent toujours, Ă un moment ou Ă un autre, des personnages. DâoĂč leur rĂ©sistance Ă entrer dans le rĂ©cit dans Histoire dâamour. RepĂ©rage, le DeuxiĂšme Homme et les Femmes sont surpris de la transposition de leur image, mais finalement ils trouvent lâhistoire fictive plus vraie, plus crĂ©dible que la rĂ©elle19. Dans Juste la fin du monde en revanche, Antoine se rĂ©volte, rĂ©siste Ă lâemprise de la fiction, ces histoires pour rien, des histoires, je ne comprends rien »20. Câest pour ne pas alimenter les rĂ©cits de Louis quâil sâinterdit de parler, mais quand sa parole Ă©clate enfin, elle est celle dâun hĂ©ros tragique. 21 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1990-1995, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, ... 22 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 70. 23 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 376. 12Enfin et surtout, Louis est accusĂ© de nâavoir pas assez aimĂ©. On parle donc de lâaccusĂ© Ă la troisiĂšme personne. On ne sâadresse pas directement Ă lui, comme sâil nâĂ©tait pas lĂ . Ce sentiment de disparaĂźtre en prĂ©sence dâautrui, de ne plus ĂȘtre vraiment lĂ , Lagarce lâa maintes fois exprimĂ© dans son Journal21. Câest aussi ce qui marque le changement de regard quâil porte sur le monde depuis la rĂ©vĂ©lation de sa sĂ©ropositivitĂ© â mais aussi avant cet Ă©vĂ©nement. Dans Juste la fin du monde, Louis note Chaque lieu, mĂȘme le plus laid ou le plus idiot, je veux noter que je le vois pour la derniĂšre fois »22. Regarder les choses comme si tout Ă©tait la derniĂšre fois »23, telle sera la perspective que retiendront les spectateurs du Journal vidĂ©o. 24 Jean-Luc Lagarce, JâĂ©tais dans ma maison et jâattendais que la pluie vienne, in Théùtre complet, t ... 25 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 30. 26 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 405. 27 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 26. 28 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 364. 13Le procĂšs se traduit par une violence de lâaccusation, qui elle-mĂȘme traduit une violence sur le plan Ă©thique. Et ceci se fit dans la violence, des mots violents, juste des mots et rien dâautre24 », dit la MĂšre Ă propos du fils chassĂ© par le pĂšre dans JâĂ©tais dans ma maison et jâattendais que la pluie vienne, une piĂšce qui propose une variante de la figure du fils en parabole du fils prodigue. Dans les piĂšces de Lagarce, la violence est dâabord un phĂ©nomĂšne de langage, qui prend toute sa place dans une dramaturgie de la parole, mais elle est aussi un phĂ©nomĂšne Ă©thique, liĂ© Ă lâincapacitĂ© existentielle des personnages Ă prendre en compte la dimension de lâAutre, sans cesse ramenĂ© Ă la sphĂšre du MĂȘme, au sens oĂč lâentend Levinas. Câest bien de cette violence-lĂ que Louis est victime rĂ©duit Ă une existence thĂ©orique, empĂȘchĂ© â sauf par Catherine â de sâexprimer en son propre nom, instrumentalisĂ© par sa mĂšre qui lui demande de rassurer les siens, il ne peut accĂ©der Ă une existence sĂ©parĂ©e quâĂ travers une relation biaisĂ©e lâapartĂ© au public dans les monologues. En dehors de cette adresse indirecte, il est rĂ©duit au mutisme et Ă une identitĂ© tronquĂ©e, Ă travers le portrait faussĂ© que sa fratrie donne Ă voir de lui, rompant, par leurs jugements, la continuitĂ© de sa personne Louis ne parle pas en son nom propre. Selon Levinas, le discours de la totalitĂ© est affirmation absolue dâune subjectivitĂ© qui sâĂ©rige en juge, dâoĂč lâabondance des jugements de valeur qui visent Ă rĂ©duire lâautre, Ă lâinstrumentaliser dans le discours du MĂȘme. Dans Juste la fin du monde, Catherine sâinsurge contre cette habitude selon laquelle un nouveau-nĂ© doit absolument ressembler Ă ses parents, et elle dĂ©fend lâidĂ©e que son enfant ne ressemble Ă personne »25, Ă©chappant Ă cette logique du scandale de lâaltĂ©ritĂ© qui fait du langage familial une vĂ©ritable machine de guerre propre Ă nier les diffĂ©rences, voire Ă les rĂ©duire, ou Ă exclure lâindividu diffĂ©rent. En revanche, Antoine, dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain, est dans la logique du MĂȘme Vous ĂȘtes semblables, lui et toi, et moi aussi, je suis comme vous »26, dit-il Ă sa sĆur pour la consoler. Suzanne aussi ne veut voir en Louis que quelquâun qui ne change pas »27. Les personnages se crĂ©ent leurs propres enfermements, leurs propres citadelles comme lâĂ©voque littĂ©ralement le titre de la piĂšce qui annonce Juste la fin du monde Retour Ă la Citadelle. Suzanne pense quâelle nâest pas une vraie personne », nâayant jamais eu un chez soi » hors de la maison familiale si je ne pars pas, jamais, je ne serai jamais une vraie personne, juste une enfant. Câest de cela que jâai peur »28, confie-t-elle Ă Louis. 29 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 78. 30 Ibid., p. 76. 31 Denis GuĂnoun, HomosexualitĂ© transcendantale », dans Regards lointains, Besançon, Les Solitaires ... 14La violence Ă©thique est liĂ©e au scandale de lâaltĂ©ritĂ©, au discours de la totalitĂ©, au refus de prendre en compte une existence sĂ©parĂ©e, mais elle est aussi le corollaire de la peur, ce que rend trĂšs bien le film de Xavier Dolan. Tous ont peur Suzanne a peur, Antoine a peur, Louis a peur. Tu voudras me parler / et il faudra que je tâĂ©coute / et je nâai pas envie dâĂ©couter. Je ne veux pas. Jâai peur29 », avoue Antoine. Parlant au nom dâun on » ou dâun tu », ne disant jamais je », Antoine sâinsurge Tu crois me connaĂźtre mais tu ne me connais pas, / tu me connaitrais parce que je suis ton frĂšre30 ? » Ce renversement de la violence mimĂ©tique constitue lâacmĂ© de la piĂšce, mais aussi un moment paradoxal que Denis GuĂ©noun a appelĂ© lâĂ©lĂ©vation dâAntoine »31. 32 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 92. 15Câest que, par un coup de théùtre, Antoine endosse dans la derniĂšre partie de la piĂšce la figure de lâaltĂ©ritĂ©, se constituant lui-mĂȘme en bouc-Ă©missaire. Et lĂ , maintenant vous ĂȘtes lĂ , Ă me regarder comme une bĂȘte curieuse32 » Toute la piĂšce Ă©tait une fausse piste malgrĂ© les apparences, Louis nâĂ©tait pas un bouc Ă©missaire ? Qui Ă©tait-il alors ? La posture du bouc Ă©missaire est-elle si enviable ? Tout se passe comme si Louis, rĂ©duit au silence, se trouvait paradoxalement dans une position de supĂ©rioritĂ© dans la violence rituelle, la victime est en effet sacralisĂ©e. Si la parole de Louis nâa pu ĂȘtre entendue parce quâelle aurait eu lâimpact dâun cri dans un tunnel vide et ne pouvait quâĂȘtre une parole de la perte, en revanche, son silence a Ă©tĂ© entendu, et câest lĂ , sans doute, toute la force du film de Dolan dâavoir pu filmer en gros plan les visages, car le visage, selon Levinas, est le lieu de la relation juste, celle du face-Ă -face avec lâautre. Lâabandon 16LâĂ©criture de Lagarce dĂ©veloppe plusieurs stratĂ©gies dâĂ©vitement de la violence et donc du tragique qui est, au sens Ă©tymologique, contamination de la violence rituelle ; nâoublions pas que la tragĂ©die est issue du bouc â tragos â que lâon sacrifie. 33 CitĂ© par Marie-HĂ©lĂšne Boblet, Ăcriture et souci de soi », Jean-Luc Lagarce, Europe, n° 969-970, ... 34 Suzanne parle dâ une certaine forme dâadmiration » Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. ... 17La premiĂšre consiste Ă faire du protagoniste principal une figure de revenant. La force, sans doute, du casting du film de Dolan, câest dâavoir fait de Louis moins un mourant quâun revenant. Louis nâa pas le mĂȘme degrĂ© de prĂ©sence scĂ©nique que les autres personnages, il est une sorte de prĂ©sent-absent, mais sâil est ainsi perçu, câest Ă travers la folie collective des autres personnages, qui, le privant de sa parole, le dĂ©rĂ©alisent, le dĂ©personnalisent, en font une figure sans doute sacrificielle, mais aussi messianique. Sur le plan de la conscience, Louis est dĂ©jĂ dâoutre-monde, il a basculĂ© dans une perception oĂč manque le lointain. Une des choses les plus mĂ©lancoliques dans le rapprochement de la mort la perte du lointain », Ă©crit HervĂ© Guibert dans Le MausolĂ©e des Amants33. Mais dans la piĂšce, tout se passe comme si le fait de se trouver confrontĂ© au dĂ©finitif la sĂ©paration, la derniĂšre fois, la mort nâĂ©tait plus seulement lâaffaire de Louis, mais celle des autres. La hantise dâune nouvelle sĂ©paration les plonge en effet dans des accĂšs de colĂšre et de dĂ©sespoir trĂšs bien rendus par le film de Dolan. Dans Juste la fin du monde, Louis est prĂ©sentĂ© comme une sorte de revenant, de ressuscitĂ© qui vient brusquement rĂ©vĂ©ler aux siens leur vrai contexte existentiel le manque dâamour. DâoĂč le sentiment de sidĂ©ration, fait de trouble et dâadmiration34, qui accompagne son apparition au seuil de la maison familiale. Quant Ă la mĂšre, tentant de redonner Ă Louis sa place symbolique dâaĂźnĂ© que Louis refuse dans le film de Dolan, lui explique quâil est revenu pour combler les manques existentiels de son frĂšre et de sa sĆur et leur donner lâautorisation de devenir enfin eux-mĂȘmes 35 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58-59. Suzanne voudrait partir [âŠ]. Lui, Antoine, il voudrait plus de libertĂ©, je ne sais pas [âŠ]. Et câest Ă toi quâils veulent demander cela, câest Ă toi quâils semblent vouloir demander lâautorisation35. 18Or, ce quâAntoine et Suzanne ne peuvent admettre, câest justement admettre, câest lâabandon au nom de leur refus de se perdre, ils sâarc-boutent contre le frĂšre, se campent dans leurs certitudes, et sombrent dans le tragique, ce tragique contre lequel, justement, Louis lutte, tentant sans cesse dâapporter la consolation, se faisant insulter en retour 36 Ibid., p. 93. Louis. â Ne pleure â Tu me touches, je te tue36. 19Si Antoine est prĂšs de frapper son frĂšre, câest quâen lui-mĂȘme, contre son grĂ©, quelque chose a Ă©tĂ© atteint. Le conflit extĂ©rieur cache un conflit interne â qui est aussi la caractĂ©ristique des hĂ©ros tragiques. Ce rejet nâest pas de haine, il est la forme paradoxale dâun amour refoulĂ©, dâune rĂ©sistance qui se brise, dâun conflit intĂ©rieur qui trouve sa rĂ©solution en prenant la forme chaotique dâune conversion, dâune mĂ©tanoĂŻa opĂ©rĂ©e par la simple prĂ©sence, silencieuse, de Louis. Ce moment de bascule est la consĂ©quence de la prĂ©sence nĂ©gative de Louis parmi les siens, qui fait de lui une crĂ©ature dâun autre monde, une sorte de figure de la rĂ©surrection. Avec le personnage de Louis, Lagarce met en Ćuvre le motif du retour parmi les vivants, qui nous renvoie Ă la Bible comme Ă la lĂ©gende orphique 37 Jean-Luc Lagarce, Je ferai ça quand je reviendrai », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, Be ... admettre lâidĂ©e toute simple et trĂšs apaisante, trĂšs joyeuse, [âŠ] lâidĂ©e que je reviendrai, que jâaurai une autre vie aprĂšs celle-lĂ oĂč je serai le mĂȘme, oĂč jâaurai plus de charme, [âŠ] oĂč je serai un homme trĂšs libre et trĂšs heureux37. 38 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarc ... 39 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 355. 40 Peter Handke, citĂ© par Georges Banu dans Peter Handke le théùtre de la langue », SupplĂ©ment TĂ© ... 41 Robert Musil, LâHomme sans qualitĂ©s, traduction Philippe Jaccottet, Paris, Gallimard, Folio, 1958. 42 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain. PrĂ©sentation », dans Europe, op. cit., p. 158 et repris dans... 20La seconde stratĂ©gie dâĂ©vitement de la violence consiste Ă faire bifurquer le dispositif du tragique vers le Trauerspiel. Cette piĂšce, comme Le Pays lointain, sâapparente Ă un monodrame », selon Jean-Pierre Sarrazac38, Ă savoir quâelle propose un retour sur la vie dâun individu au moment de sa mort, une dramaturgie du salut, dans la lignĂ©e des mystĂšres mĂ©diĂ©vaux. Les tĂ©moins accompagnent le parcours du mourant, ils font le rĂ©cit de sa vie avant de lâenterrer. Ce dispositif dramaturgique Ă©tait dĂ©jĂ prĂ©sent dans Juste la fin du monde, mais il sâaccentuera dans Le Pays lointain, oĂč on assiste Ă la mise en rĂ©cit exhaustive de la vie dâun homme ordinaire, comme on le ferait dâun mort mais qui nâest pas encore mort dans le but de lâ immortaliser » ça vous immortalise »39, dit le pĂšre quand il prend des photos. Le Pays lointain, en enchĂąssant, sur le mode du contrepoint, la premiĂšre piĂšce dans un ensemble plus vaste, fait donc coexister les deux dispositifs, les confronte le dispositif violent le rituel du bouc Ă©missaire prĂ©sent dans Juste la fin du monde et le dispositif non-violent liĂ© notamment Ă lâattitude apaisĂ©e du pĂšre, dans Le Pays lointain. Dans les deux cas, le moteur est en la logique de la perte de soi. La problĂ©matique du tragique est toujours mise en tension dans lâunivers de Lagarce. Comme Peter Handke, quâil admire tant, Lagarce pourrait dire Je suis grec40 », tant il se nourrit aux lectures des Tragiques ; mais inversement, il puise dans une autre tradition, cherchant dans lâĂ©criture un exercice de dĂ©tachement qui propose une vraie alternative au tragique ce sont les tricheries », les arrangements », mais aussi le recours au Trauerspiel dans Juste la fin du monde et Le Pays lointain. Il est effet deux lignĂ©es dans le théùtre occidental le théùtre tragique, hĂ©ritĂ© des Grecs, et le théùtre non-tragique, ou prĂ©-tragique, hĂ©ritĂ© des mystĂšres mĂ©diĂ©vaux. Walter Benjamin, dans Essais sur Brecht, dĂ©finit le hĂ©ros non tragique comme lâhomme ordinaire, sans qualitĂ©s » ohne Eigenschaften », pour reprendre le titre du chef-dâĆuvre de Robert Musil41, comme le formule Louis dans Le Pays lointain, mais aussi Lagarce dans sa propre prĂ©sentation de la piĂšce Dâun seul homme, sans qualitĂ©, sans histoire, tous les autres hommes42 ». Cette volontĂ© de dĂ©contextualiser nous rappelle que lâabsence de qualitĂ© renvoie Ă lâabsence de prĂ©dicat, au refus de la prĂ©dication caractĂ©ristique des diverses traditions spirituelles, pour dĂ©signer le point de vue de lâabsolu, la recherche dâun regard de surplomb. 21Ce mode de lecture nous autorise Ă lire le personnage de Louis comme une figure de la perte, qui, par son aptitude au renoncement il renonce Ă son projet de dĂ©part, prĂ©fĂ©rant bafouiller des promesses de retour, par son aptitude Ă lâabandon Ă la fois actif et passif est un personnage entre deux mondes qui donne la mesure dâun monde. 43 Voir Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc L ... 44 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 23. 45 Jacques Le Brun, Le Pur amour de Platon Ă Lacan, Paris, Seuil, 2002, p. 44. 22Le renoncement est une pratique ascĂ©tique qui consiste Ă crucifier lâamour-propre et Ă©voque les dures lois de lâabnĂ©gation et de la pĂ©nitence. Lâhomme renoncĂ© est un personnage qui hante la littĂ©rature europĂ©enne, et qui, sur le plan théùtral, sâinscrit dans la tradition du Trauerspiel, dans lequel Walter Benjamin voit la cĂ©lĂ©bration de la Passion de lâhomme » ou encore le drame du martyr43 ». Les derniĂšres piĂšces de Lagarce consacrĂ©es au cycle du retour racontent ce parcours un homme meurt et cherche Ă donner Ă sa mort une justification, profitant de cette occasion du retour aux sources pour devenir son propre maĂźtre », câest-Ă -dire devenir libre. La dĂ©marche est dâemblĂ©e prĂ©sentĂ©e comme sans espĂ©rance sans espoir jamais de survivre »44, laissant entendre que le hĂ©ros a renoncĂ© aux idĂ©es de salut avant de prendre le chemin de la maison familiale. Louis est bien un martyr » au sens Ă©tymologique de tĂ©moin ». Câest bien le rĂŽle quâil va jouer dans sa famille il Ă©coutera les autres. De mĂȘme dans Le Pays lointain, il Ă©coute car câest lui qui sera au bout du compte sacrifiĂ©. Tout se passe comme si le martyr avait le pouvoir dâannuler la souffrance parce que lui-mĂȘme a entiĂšrement consenti Ă sa propre perte. Câest lĂ la logique sacrificielle violente qui prĂŽne la mort-pour45 », la mort utile. Mais il est une autre forme de perte, qui nâest pas rĂ©cupĂ©rable câest lâabandon, paradigme dont le lexique de Lagarce use et abuse, faisant de tous ses personnages des figures dâabandonnĂ©s. 46 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 51. 47 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 277. 48 Jean-Luc Lagarce, Journal vidĂ©o, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007. 49 Annie Ernaux, Journal du dehors, nrf, Gallimard, 1993. 23Lâabandon est un Ă©tat Ă la fois passif et actif. Si dans sa famille, abandonner les siens est une faute, Louis a abandonnĂ© les siens et en retour, a Ă©tĂ© abandonnĂ© dâeux et en souffre ; mais il rĂ©alise, contre toute attente, que cette absence dâamour fit toujours plus souffrir les autres que [lui] »46. JâĂ©tais restĂ© lĂ , seul, abandonnĂ©, toutes ces sortes de choses », dit Louis au dĂ©but du Pays lointain47. Cette dimension de lâabandon est trĂšs prĂ©sente dans le Journal vidĂ©o48 de Lagarce qui, au moment de la rĂ©daction de Quelques Ă©claircies, cherche Ă gommer, effacer la figure de lâauteur pour retenir le mouvement de son seul regard posĂ© sur les ĂȘtres et les choses, dans la fugacitĂ© du temps qui passe et gĂ©nĂšre, effacement sur effacement, cet art de la vanitĂ©, mais aussi un art du dĂ©tachement mot par lequel on traduit le mot dâabandon aujourdâhui. Dans son Journal vidĂ©o, lâĆil rivĂ© Ă la camĂ©ra, jouant des surimpressions dâimages et de bandes dĂ©filantes de textes qui parlent de fin et de morts, Lagarce nous livre ce quâAnnie Ernaux nommerait un Journal du dehors »49. Le dĂ©placement gĂ©ographique vers Berlin permet une reconsidĂ©ration de la vocation personnelle Ă©crire contre la peur et une mise en perspective du sentiment dâabandon, quâil traque des deux cĂŽtĂ©s de la ville, Ă lâEst, dans les files de gens qui reviennent Ă pied, depuis lâautre cĂŽtĂ© du mur, avec des sacs Ă commissions remplis, comme Ă lâOuest, dans les terrains vagues liĂ©s Ă la destruction du mur. 50 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 533. Seconde longue balade, hier, dans les terrains vagues de Kreuzberg, malheureusement sans camĂ©ra et jây retournerai, et au marchĂ© polonais. Le choc le plus grand, câest celui-lĂ film de Wenders50. 51 Ibid., p. 291. 24Ce quâil tente aussi de saisir, par lâĂ©criture, par lâimage, câest le regard de surplomb de lâange DerriĂšre chacun de nous, au milieu de nous, se promĂšnent des anges qui Ă©coutent nos pensĂ©es, nous posent parfois la main sur lâĂ©paule pour nous apaiser et que seuls les enfants peuvent voir51 ». 52 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 79. 25Lâabandon est un Ă©tat de conscience paradoxal une tentative de conciliation des contraires. Câest comme la nuit en pleine journĂ©e »52, dit Louis au dĂ©but de lâIntermĂšde. Lâabandon est ce qui caractĂ©rise le contexte de lâIntermĂšde, qui vise Ă produire un dĂ©placement, dans lâespace et dans le temps, mais surtout dans la conscience du spectateur. Câest Antoine qui dĂ©crit le contexte des deux piĂšces, un contexte qui ramĂšne aux conditions symboliques dâun Ă©tat de conscience quasiment intenable pour lâĂȘtre humain, Ă savoir le lieu de la coĂŻncidence des contraires la nuit lumineuse. Câest ce contexte symbolique que Xavier Dolan a tentĂ© de suggĂ©rer de maniĂšre rĂ©aliste dans son film, par le travail des lumiĂšres et des contre-jours, et par la trouvaille de cette idĂ©e dâune chaleur caniculaire. 53 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, PrĂ©sentation », Europe, op. cit., p. 159. 54 Jean-Luc Lagarce, Dire ce refus de lâinquiĂ©tude », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, p. 2 ... 55 Ce concept a Ă©tĂ© forgĂ© par MaĂźtre Eckhart, et signifie, comme lâexpliquent ses traducteurs, lâat ... 26Lâabandon est aussi un choix, un acte de volontĂ© le choix de la non-violence, portĂ© jusque dans la peur, jusque dans la souffrance-mĂȘme. Cette volontĂ© paradoxale, Lagarce la mentionne dans le synopsis du Pays lointain, oĂč il affirme vouloir raconter la violence, comme Ă©trangĂšre53 », la mettre Ă distance par lâĂ©criture. Câest pourquoi dire ce refus de lâinquiĂ©tude » jusque dans lâinquiĂ©tude-mĂȘme, est son premier engagement54 », comme il le formule de maniĂšre paradoxale ce refus de lâinquiĂ©tude nâest autre quâune recherche du dĂ©tachement, de lâindiffĂ©rence positive, de la Gelassenheit55 qui est aussi la dĂ©finition dâune libertĂ© sans protocoles diffĂ©rente du libre-arbitre, câest la libertĂ© du libĂ©rĂ© dans la vie » qui ne possĂšde rien et nâest possĂ©dĂ© par rien. Il est certain que le succĂšs des piĂšces de Lagarce et de Juste la fin du monde vient de ce quâelles nous rattachent au fonds anthropologique de lâhumanitĂ©. Aussi la figure de Louis, comme les autres figures dâĂ©crivains de ses piĂšces, est-elle moins une figure dâabandonnĂ© quâune figure de dĂ©possĂ©dĂ©. Câest ce qui fait que lâĂ©criture de Juste la fin du monde a sans doute Ă©tĂ© nourrie par des souvenirs de cinĂ©ma, et sâapparente Ă des Ćuvres telles que Le Sacrifice de Tarkovski, film qui a bouleversĂ© Lagarce au moment de sa sortie, parce quâil parle de la fin du monde, mais dâune fin du monde au sens dâune apocalypse, au sens Ă©tymologique de renversement des apparences, de rĂ©vĂ©lation de rĂ©alitĂ©s cachĂ©es. Un film testamentaire 1986 puisque le cinĂ©aste est mort quelques mois aprĂšs. 56 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 211. 57 Ibid., p. 240. Câest magnifique, Câest magnifique et les images restent dans ma tĂȘte. Ăprouvant aussi. Les acteurs sont excellents la comĂ©dienne qui joue la femme de Josephson notamment. Câest cela par-dessus tout que jâaimerais pouvoir Tarkovski est mort. Je nâai vu quâun film sur les huit quâil a tournĂ©s, Le Sacrifice, mais ce fut essentiel, je crois. Sa maniĂšre de filmer, de raconter, de nous parler de Dieu, de notre croyance ou de notre refus de croire. Sans exagĂ©rer, câest un des films qui me marquĂšrent le plus et qui me firent voir les choses â le cinĂ©ma â diffĂ©remment57. 58 Voir Paul RicĆur, Temps et rĂ©cit, Paris, Seuil, 1985. Lâauteur oppose deux modes de lâidentitĂ© l ... 27Ă la fin du Sacrifice, Alexandre, le protagoniste principal, brĂ»le sa maison, acte symbolique de dĂ©pouillement, dâabandon. De mĂȘme, Ă la fin de ThĂ©orĂšme de Pasolini, le pĂšre traverse sa propre usine en se dĂ©pouillant peu Ă peu de ses vĂȘtements, dans une ultime et symbolique marche au dĂ©sert. Ces deux scĂšnes finales, trĂšs fortes, qui marquent lâentrĂ©e des personnages dans la vie spirituelle montrent lâabandon comme un acte, une forme dâengagement paradoxal. Celui qui se sent abandonnĂ© pratique Ă son tour lâabandon, Ă savoir quâil abandonne les prĂ©rogatives de son Ă©go, les qualitĂ©s », mais aussi, au sens oĂč lâentend Paul RicĆur, ses propriĂ©tĂ©s »58, ou encore, au sens oĂč lâentend Kafka â dont Lagarce Ă©tait grand lecteur â , ses possessions » Besitz ». Celui qui nâa plus rien en propre entre dans la condition spirituelle car sa perception du monde est dĂ©barrassĂ©e des discours et des reprĂ©sentations qui lui obstruent la rĂ©alitĂ© ; la dĂ©marche de lâabandon est une dĂ©marche paradoxalement constructive et critique elle consiste Ă apprendre Ă dĂ©sapprendre. Portant ce regard Ă partir de la contemplation de la mort, qui est la condition humaine fondamentale, Lagarce, refusant dâune certaine mesure le divertissement pascalien, invite Ă regarder la vie Ă partir de la mort, Ă se concentrer sur cette condition physique et mĂ©taphysique fondamentale. Ce qui est troublant dans Le Pays lointain, câest cette rĂ©plique dâAntoine racontant Ă son pĂšre quâil fait toujours le mĂȘme rĂȘve, quâil ramĂšne Ă sa colĂšre contre lui, une colĂšre sacrĂ©e, la colĂšre de lâinsanitas paulinienne 59 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 389. le mĂȘme rĂȘve, semblable, oĂč je songe Ă tout dĂ©truire de ce qui mâappartient, juste cela, ce qui mâappartient, le rĂ©duire en cendres, les affaires qui sont les miennes, les objets, les choses que jâai achetĂ©es pour ma femme, pour moi et pour ma femme et pour mes enfants, nâen plus rien garder59. 28Il aimerait se vider de sa colĂšre contre son frĂšre, se dĂ©livrer de cette colĂšre, et pour ce faire, abandonner ses possessions â au sens oĂč lâentend Kafka dans le chapitre 8 du ChĂąteau oĂč K., le protagoniste, dĂ©couvre une libertĂ© sans protocoles, celle du libĂ©rĂ© dans la vie, qui ne possĂšde rien et qui nâest possĂ©dĂ© par rien. 60 Franz Kafka, Le ChĂąteau, traduction Alexandre Vialatte, Paris, Gallimard, Folio, 2007, p. 157. Voi ... MalgrĂ© tout ce qui sâĂ©tait passĂ©, il Ă©prouvait le sentiment que ce quâil avait obtenu jusquâici constituait une sorte de possession quâil ne conservait sans doute quâen apparence mais quâil ne devait pas abandonner sur lâordre de nâimporte qui60. 29Cette pratique de lâabandon ne doit pas se faire sur lâordre de nâimporte qui ». Ainsi, quand la mĂšre annonce Ă Louis que son frĂšre attend de lui quâil le libĂšre, quâil lâautorise Ă ĂȘtre libre, câest bien de lâabandon comme engagement personnel quâil sâagit, et le rapprochement avec le texte de Kafka est pour le moins bouleversant personne nâa portĂ© son attention sur le double langage de Lagarce, et pourtant, ce souci de prĂ©cision qui est le sien dans lâusage des mots, que leur sens Ă la fois philologique et philosophique prĂ©cĂšde, aurait pu nous avertir. 61 Jean-Luc Lagarce, Atteindre le centre », Europe, op. cit., p. 147. Je viens du livre. Je viens de lâanalyse du texte [âŠ]. Mon propos nâest pas fait dâeau tiĂšde. Jâai Ă©tudiĂ© la sĂ©miologie, la linguistique, la philosophie. Je viens de la valeur du texte. Je mâintĂ©resse Ă la signification du signe et du code61. 62 Voir Pour un vocabulaire mystique au xviie siĂšcle. Textes du sĂ©minaire du Professeur Carlo Ossola ... 30Ce qui est certain, câest que le lexique de Lagarce tĂ©moigne dâune recherche sur la sĂ©mantique des mots, qui amĂšne une rĂ©surgence de sens anciens â spirituels â dont les dictionnaires indiquaient quâils Ă©taient tombĂ©s en dĂ©suĂ©tude, recouverts sous des acceptions juridiques ou autres â câest le cas notamment du mot abandon »62. Ainsi, lâobsession de lâautocorrection lexicale cache peut-ĂȘtre une autre ambition, quasiment archĂ©ologique, qui joue avec les strates du sens, et tente de remettre au goĂ»t du jour un lexique oubliĂ©, propre Ă dĂ©crire la vie intĂ©rieure. 63 Peter Handke, Outrage au public, Paris, LâArche, 1966, p. 32. 31De Juste la fin du monde au Pays lointain, les perspectives se sont dĂ©placĂ©es. Le jeu des réécritures a effectuĂ© un dĂ©placement du temps vers lâespace dans le choix des titres la notion de limitation temporelle fin du monde » a Ă©tĂ© remplacĂ©e par celle dâillimitation spatiale lointain ». Câest toujours une extrĂ©mitĂ© qui est dĂ©signĂ©e, mais, comme le rappelle Carlo Ossola, la littĂ©rature dĂ©ploie le temps humain comme un espace ». La réécriture de Juste la fin du monde en Le Pays lointain est une maniĂšre de rĂ©introduire de lâexplicite au sein du vaste systĂšme de lâimplicite qui caractĂ©rise les piĂšces de Lagarce, en affirmant lâimportance du théùtre comme un monde venant supplanter le huis-clos familial, comme en tĂ©moigne le joyeux travail de rĂ©pĂ©tition exposĂ© dans Le Pays lointain, qui est une réécriture de lâespace de Juste la fin du monde aux dimensions dâun plateau de théùtre, oĂč rien nâest Ă sa place. La scĂšne nâest pas un monde, pas plus que le monde nâest une scĂšne », Ă©crivait Peter Handke63. Mais lĂ oĂč le théùtre joue sur le mĂ©talangage, la chute du 4e mur et la mĂ©tathéùtralitĂ©, le cinĂ©ma de Xavier Dolan prend pour sujet les visages, tord les corps et rĂ©vĂšle au plus prĂšs la dynamique paradoxale de la perte qui sous-tend la dramaturgie et le lexique de Lagarce. 32Dans Le Pays lointain, le refus du tragique va de pair avec lâaffirmation des valeurs telles que celles dâabandon, qui offrent une alternative au sacrifice rituel en faisant du personnage le lieu de la rĂ©conciliation des contraires, de mĂȘme que la piĂšce insĂšre le drame du langage drame familial Ă lâintĂ©rieur du Trauerspiel, ou rĂ©cit de vie collectif dâun mort qui Ă©tait un homme ordinaire, un homme sans qualitĂ©s. LâĂ©criture est donc bien, chez Lagarce, non seulement un processus qui se dĂ©roule, qui se dĂ©crit sous nos yeux, mais aussi un exercice de dĂ©tachement, qui fait de lâĂ©criture le thĂšme de ses piĂšces lâĂ©criture comme mythologie est constitutive dâune dramaturgie. 33La perte est ce qui dĂ©finit lâespace de lâĂ©criture, mais aussi le systĂšme des relations entre les personnages Ă travers le protagoniste Ă©crivain, enfin, le regard portĂ© sur le monde par lâĂ©criture. Elle est donc au croisement des perspectives linguistique, dramaturgique et anthropologique, par la recherche dĂ©sespĂ©rĂ©e du mot juste, de la relation juste, du regard juste. Autant de mises en Ćuvre dâune quĂȘte qui a absorbĂ©, voire sans doute dĂ©passĂ© â dĂ©possĂ©dĂ© ? â son auteur lâĂ©criture comme exercice spirituel de dĂ©tachement, comme Ă©pochĂš ». En mĂȘme temps, cette Ćuvre expose une maniĂšre dâĂȘtre au monde qui rĂ©fute les discours dâautoritĂ© et de pouvoir au nom des valeurs nĂ©gatives dâimpouvoir, dâinvolontĂ©, de passivitĂ©, dâabandon, propres Ă aider son auteur Ă faire face Ă ce quâil vivait, ce qui rattache son Ćuvre Ă un fonds anthropologique de lâhumanitĂ©. En effet, le parcours sĂ©mantique Ă travers les trois paradigmes lagarciens dâimpuissance, de sacrifice, dâabandon nous font passer du lexique de la crĂ©ation littĂ©raire Ă celui de lâanthropologie pour dĂ©boucher sur la langue de la vie intĂ©rieure, qui est notre legs commun et que Lagarce tente de revivifier, invitant le spectateur Ă un retour sur soi. Haut de page Notes 1 Lydie Parisse, Lagarce, Un théùtre entre prĂ©sence et absence, Classiques Garnier, 2014. Voir le compte rendu de BĂ©atrice Jongy-Guena sur le site Fabula. 2 MâintĂ©ressant aux dramaturgies de la parole, je mĂšne ce type dâapproches Ă propos de lâĂ©criture de Beckett, de Novarina. Voir Lydie Parisse, La Parole trouĂ©e. Beckett, Tardieu, Novarina, Lettres Modernes, Minard, 2008. Rééd. Classiques Garnier. 3 Dans mon ouvrage, je replace dâailleurs cette attitude dans la perspective plus vaste de la crise du langage telle que lâa analysĂ©e le linguiste Georges Steiner, se situant dans la tradition de la philosophie des langues. Voir mon analyse dans Lagarce. Un théùtre entre prĂ©sence et absence, op. cit., p. 19-68. Voir aussi mon article paru dans un ouvrage Ă destination des agrĂ©gatifs Jean-Luc Lagarce. Une dramaturgie de la parole âtrouĂ©eâ. La langue en dĂ©faut, le rĂ©el en dĂ©faut. RĂ©flexions sur Derniers remords avant lâoubli », BĂ©atrice Jongy dir., Les Petites TragĂ©dies de Jean-Luc Lagarce, Dijon, Ăditions du Murmure, 2011, p. 47-76. 4 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, Classiques contemporains », 2012, p. 67. 5 RenĂ© Girard, Le Bouc Ă©missaire, Paris, Grasset & Fasquelle, 1982. 6 Voir Lydie Parisse, Lagarce. Un théùtre entre prĂ©sence et absence, op. cit., p. 116-120. 7 Jean-Luc Lagarce, Du Luxe et de lâimpuissance, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 40. 8 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 28. 9 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, in Théùtre complet, tome iv, p. 340. 10 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58 et Le Pays lointain, op. cit., p. 385. 11 Patrice Pavis, Le Théùtre contemporain. Analyse de textes de Sarraute Ă Vinaver, Paris, Nathan, UniversitĂ©, Lettres Sup, 2002, p. 188. 12 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 24 et Le Pays lointain, op. cit., p. 304. 13 JoĂ«l Jouanneau, dans Bertrand Chauvet et Ăric DuchĂątel dir., Juste la fin du monde. Nous les hĂ©ros, ScĂ©rĂ©n-cndp, BaccalaurĂ©at théùtre », 2007, p. 49. 14 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 271-297. 15 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 68. 16 Ibid., p. 38. 17 Ibid., p. 72. 18 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 358. 19 Jean-Luc Lagarce, Histoire dâamour repĂ©rages, in Théùtre complet, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2014, p. 145. 20 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 74. 21 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1990-1995, tome ii, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, Cette impression, vous savez, quand on vous fait des compliments, quâon parle devant vous ; comme si vous Ă©tiez mort ». 22 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 70. 23 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 376. 24 Jean-Luc Lagarce, JâĂ©tais dans ma maison et jâattendais que la pluie vienne, in Théùtre complet, tome iv, p. 258. 25 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 30. 26 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 405. 27 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 26. 28 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 364. 29 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 78. 30 Ibid., p. 76. 31 Denis GuĂnoun, HomosexualitĂ© transcendantale », dans Regards lointains, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 31. 32 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 92. 33 CitĂ© par Marie-HĂ©lĂšne Boblet, Ăcriture et souci de soi », Jean-Luc Lagarce, Europe, n° 969-970, janvier-fĂ©vrier 2010, p. 41. 34 Suzanne parle dâ une certaine forme dâadmiration » Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 37 et Le Pays lointain, op. cit., p. 359 quâils ressentent Ă son Ă©gard. Plus quâintimidĂ©e, Catherine est troublĂ©e », comme le fait remarquer Antoine Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 31 et Le Pays lointain, op. cit., p. 348. 35 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 58-59. 36 Ibid., p. 93. 37 Jean-Luc Lagarce, Je ferai ça quand je reviendrai », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2008, p. 22. 38 Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, op .cit., p. 277. 39 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 355. 40 Peter Handke, citĂ© par Georges Banu dans Peter Handke le théùtre de la langue », SupplĂ©ment TĂ©lĂ©rama n°3312, festival dâAvignon 2013, juillet 2013, p. 17. 41 Robert Musil, LâHomme sans qualitĂ©s, traduction Philippe Jaccottet, Paris, Gallimard, Folio, 1958. 42 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain. PrĂ©sentation », dans Europe, op. cit., p. 158 et repris dans Le Pays lointain, op. cit., p. 281. 43 Voir Jean-Pierre Sarrazac, De la parabole du fils prodigue au drame-de-la-vie », dans Jean-Luc Lagarce dans le mouvement dramatique, op. cit., p. 271-297. 44 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 23. 45 Jacques Le Brun, Le Pur amour de Platon Ă Lacan, Paris, Seuil, 2002, p. 44. 46 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 51. 47 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 277. 48 Jean-Luc Lagarce, Journal vidĂ©o, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007. 49 Annie Ernaux, Journal du dehors, nrf, Gallimard, 1993. 50 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2007, p. 533. 51 Ibid., p. 291. 52 Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, op. cit., p. 79. 53 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, PrĂ©sentation », Europe, op. cit., p. 159. 54 Jean-Luc Lagarce, Dire ce refus de lâinquiĂ©tude », dans Connaissez-vous Jean-Luc Lagarce ?, p. 21. 55 Ce concept a Ă©tĂ© forgĂ© par MaĂźtre Eckhart, et signifie, comme lâexpliquent ses traducteurs, lâattitude de qui, sans rien ajouter aux choses, les âlaisse ĂȘtreâ selon leur vĂ©ritĂ©, dans le dynamisme de leur origine. Câest sans doute la forme derniĂšre dâune libertĂ© qui se refuse Ă toute manipulation ou recrĂ©ation dĂ©miurgique. Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean LabarriĂre, prĂ©face Ă MaĂźtre Eckhart, Du DĂ©tachement et autres textes, Paris, Payot, Rivages poche / Petite BibliothĂšque », 1995, p. 23. 56 Jean-Luc Lagarce, Journal, 1977-1990, tome i, op. cit., p. 211. 57 Ibid., p. 240. 58 Voir Paul RicĆur, Temps et rĂ©cit, Paris, Seuil, 1985. Lâauteur oppose deux modes de lâidentitĂ© la mĂȘmetĂ© » lâidentitĂ© en tant que propriĂ©tĂ©s », ou rĂŽles et lâ ipsĂ©itĂ© » lâidentitĂ© en tant que singularitĂ©. 59 Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain, op. cit., p. 389. 60 Franz Kafka, Le ChĂąteau, traduction Alexandre Vialatte, Paris, Gallimard, Folio, 2007, p. 157. Voir le dĂ©tail de mon analyse dans Lagarce. Un théùtre entre prĂ©sence et absence, p. 151. 61 Jean-Luc Lagarce, Atteindre le centre », Europe, op. cit., p. 147. 62 Voir Pour un vocabulaire mystique au xviie siĂšcle. Textes du sĂ©minaire du Professeur Carlo Ossola au CollĂšge de France, textes prĂ©sentĂ©s par François TrĂ©moliĂšres, Turin, Nino Argento Editore, Europa restituta » CollĂšge de France, 2004. 63 Peter Handke, Outrage au public, Paris, LâArche, 1966, p. de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Lydie Parisse, Juste la fin du monde Processus dâĂ©criture et nĂ©gativitĂ© », SkĂ©n&graphie, 5 2018, 81-97. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Lydie Parisse, Juste la fin du monde Processus dâĂ©criture et nĂ©gativitĂ© », SkĂ©n&graphie [En ligne], 5 2018, mis en ligne le 01 janvier 2019, consultĂ© le 26 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
Juste la fin du monde est une Ćuvre théùtrale Ă©crite par Jean-Luc Lagarce en 1990 Ă Berlin. Traduite en plusieurs langues, lâhistoire de Juste la fin du monde est Ă©mouvante et passionnante. Les dialogues sont minutieux et prĂ©cis. Lâauteur Jean-Luc Lagarce a bien fait dâĂ©crire cette piĂšce pour ouvrir les yeux de lâhumanitĂ©. Une Ćuvre qui vous donne une rĂ©flexion profonde sur votre existence. Alors, si lâhistoire vous intĂ©resse, voici un rĂ©sumĂ© de Juste la fin du monde. RĂ©sumĂ© de juste la fin du monde Louis, un homme de trente-quatre ans qui est Ă lâaube de la mort comme il a peur. Louis prĂ©tend toujours que personne ne lâaime et ne sâoccupe pas de lui, ne sâintĂ©resse pas Ă lui, alors que câest tout Ă fait le contraire. Sa mĂšre est toujours lĂ pour lui et se fait des soucis Ă son Ă©gard. Pour ses frĂšres et sĆurs, ils se prĂ©occupent de leur vie, mais nâont pas du tout cette attitude de rejet envers Louis. En dĂ©pit de sa peine, il a quittĂ© sa famille pour dĂ©mĂ©nager dans sa zone de confort, non loin de sa famille. Sa vie bouscule en apprenant quâil est sĂ©ropositif. Tout tourne autour de lui et ne sait pas oĂč mettre les pieds. Alors, aprĂšs une longue absence ponctuĂ©e de petites lettres, de cartes postales, durant une ultime visite, il dĂ©cide de retrouver sa famille. Il annonce premiĂšrement Ă sa mĂšre quâil va bientĂŽt mourir. En effet, Louis est dĂ©sespĂ©rĂ© que les choses ne soient pas comme il le souhaitait. Il dit Ă sa mĂšre quâil se sent seul et perdu. Il a peur de la mort. Les autres membres de la famille lui reprochent son attitude. Cependant, sa mĂšre est triste et voudrait quâil lui rende visite plus tĂŽt. Quant Ă sa sĆur Suzanne, elle lui reproche Ă©galement de ne pas lâavoir dit sur sa visite. En effet, Louis pense que lâatmosphĂšre est encore conflictuelle et dĂ©cide de partir sans rĂ©vĂ©ler Ă ses proches sa visite. Dans la famille, les tensions ne sâapaisent pas mĂȘme en cas dâabsence de Louis. Chacun Ă©met quelques reproches aux autres tout en faisant rĂ©fĂ©rence au passĂ©. Par exemple, Catherine souligne quâAntoine est un garçon brutal et qui dĂ©clenche une colĂšre sans vouloir expliquer les choses. Dans la scĂšne, Suzanne ne cesse de sâapprocher de Louis pour lui faire part de ses sentiments. MalgrĂ© le rejet de Louis, elle espĂšre toujours un changement venant de son frĂšre. Quand elle apprend la nouvelle, elle est sans voix et se fond en larmes. Tout cela montre Ă quel point la vie de son frĂšre de sang est si forte, plus forte que tout malgrĂ© le sentiment de Louis. Quand la nouvelle est annoncĂ©e, sa mĂšre sâest Ă©tonnĂ©e et lui apporte du courage. En effet, cette mauvaise nouvelle a fait tisser un fort lien avec son fils. MalgrĂ© lâattitude de Louis, sa mĂšre nâa pas pu empĂȘcher dâen parler avec ses frĂšres et sĆurs malgrĂ© le silence de Louis. Antoine est Ă©galement celui qui le comprend vraiment. Câest un ouvrier qualifiĂ© dans son travail. Il manie et contrĂŽle parfaitement les machines et outils. De par ses compĂ©tences et son savoir-faire, il est devenu un syndicaliste. Câest une bonne personne. Il est toujours optimiste et nâenvisage aucun doute sur lâavenir. Tout le monde lâadore, car câest quelquâun dâhonnĂȘte et gĂ©nĂ©reux. Il reprĂ©sente en tout le monde finissant. Vis-Ă -vis de son frĂšre, il ne lui reproche rien et reste quelquâun comprĂ©hensif. Entre autres, Louis essaye de corriger ses erreurs et tente de rectifier ses mauvaises pensĂ©es, ses gestes, ses sentiments et ses prĂ©jugĂ©s. Il Ă©voque ses sentiments quâil nâa pas saisi la chance dâĂȘtre heureux. Avec un effort incroyable, il arrive enfin Ă cerner que la vie est si courte et que la solitude ne lui avance Ă rien, plus prĂ©cisĂ©ment le fait de sâĂ©loigner de sa famille nâest pas du tout un remĂšde Ă sa situation. Avec le temps, il a pu connaĂźtre ce qui est prĂ©cieux dans la vie et câest la famille. En parallĂšle, sa famille a tendu sa main pour lui apporter un soutien et un accompagnement dans sa vie. Peu importe le mĂ©pris Ă leur Ă©gard, les prĂ©jugĂ©s et les moqueries de Louis, sa famille a toujours espĂ©rĂ© quâil se change jour. Sans connaissance de sa maladie, elle nâa cessĂ© de lier le lien entre son frĂšre et lui. En tout, lâamour et lâappui de sa famille ont fait raviver le cĆur de Louis qui est tombĂ© dans une grande dĂ©pression. Les personnages dans Juste la fin du monde Les personnages dĂ©crits par Jean-Luc Lagarce dans Juste la fin du monde jouent tous un rĂŽle important dĂ©montrant son identitĂ© et sa personnalitĂ© envers lâacteur principal. PremiĂšrement, la mĂšre de Louis est une femme dynamique, humble et serviable. Ăduquer ses enfants est sa prioritĂ©. Elle nâa pas vraiment fait des Ă©tudes, mais ne possĂšde quâun simple certificat. Elle occupe divers postes. Une ouvriĂšre auparavant et ensuite, elle est femme de mĂ©nage. Elle aime sâoccuper de son foyer et se sacrifie pour nourrir ses enfants. Câest une femme forte et battante. Avec sa retraite, elle vit maintenant une vie modeste. Son centre dâintĂ©rĂȘt câest sa famille. La rĂ©ussite et lâĂ©panouissement de ses enfants sont ses prioritĂ©s. Ses frĂšres et sĆurs possĂšdent des personnalitĂ©s diffĂ©rentes. En effet, chacun a son propre caractĂšre et ses centres dâintĂ©rĂȘt. Ils pensent que Louis sâest Ă©cartĂ© dâeux parce que câest son choix. Or, Louis se sent rejetĂ© et mal aimĂ© par sa famille. Pour les autres Ă part Antoinne, la vie continue malgrĂ© lâabsence de Louis. Toutefois, ils pensent que son frĂšre est de nature invivable et que câest mieux quâil parte sâil nâest pas heureux avec sa famille. Son dĂ©part nâa pas du tout eu un grand impact dans leur vie. En tout, ils pensent que le temps rĂ©parera tout et ils espĂšrent seulement que son bien. Bref, Juste la fin du monde est lâune des piĂšces les plus Ă©coutĂ©es au théùtre. Le rĂ©sumĂ© de Juste la fin du monde vous donne un aperçu de la scĂšne intĂ©grale. Le contexte du titre manifeste la modification de la tonalitĂ© de lâĆuvre. En fait, lâoptimiste esquissĂ©e fait place Ă un sentiment tragique, la fin de son monde. Il tente de se racheter et de donner un amour Ă sa famille. Câest la derniĂšre chose quâil souhaite avant que tout sâĂ©croule. En tout, lâauteur Jean-Luc Lagarce de lâĆuvre Juste la fin du monde souligne que cette vie a une finalitĂ© et que personne nây Ă©chappe. Sur ce, il faut faire le bien et donner autant dâamour que possible pour ne pas se regretter un jour.
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